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LES
NOUVEAUX ROMANCIERS
AMERICAINS

II.[1]
HENRY JAMES.


Au moment même où nous constations ici le grand et légitime succès obtenu en Angleterre par les nouveaux romanciers américains, la Quarterly Review, attaquant ce succès avec une certaine âpreté, le qualifiait d’engouement et allait jusqu’à prétendre qu’il suffisait désormais, pour qu’un roman réussît auprès des lecteurs anglais, que son auteur fût de Boston ou de New-York. Ce critique sévère qui évoque les noms de Cooper, d’Irving et de Hawthorne pour diminuer le mérité de leurs successeurs, MM. William Howells et Henry James, s’indigne assez justement des comparaisons oiseuses établies entre ces jeunes réalistes et un maître tel que Dickens, il déclare très haut sa préférence pour Balzac, et sans doute il n’a pas tort, mais est-il bien fondé, d’ailleurs, à leur reprocher le goût invétéré de l’analyse psychologique, le dédain des péripéties saisissantes et de la catastrophe imprévue ? On pourrait lui répondre que, dans de plus hautes sphères, George Eliot avait ce goût et ce dédain

  1. Voyez la Revue du 1er février.