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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril.

Oui, certes, c’est un fait à constater. Il faut bien qu’au moment présent l’agitation soit peu dans les goûts, dans les instincts de la France, puisque partout et sous toutes les formes elle a une si médiocre fortune, puisqu’elle ne réussit pas même à émouvoir ou à occupera demi l’opinion. Le mois dernier, elle s’est présentée sous la forme de ces manifestations bruyantes qui, dans d’autres temps, ont été quelquefois les préludes de mouvemens populaires plus sérieux. Elle s’est essayée dans la rue, et elle a échoué devant l’indifférence publique plus encore peut-être que devant les mesures de sûreté et de répression préparées par le gouvernement. Elle a passé sans laisser aucune trace, comme toutes les turbulences factices ; du soir au lendemain elle a été oubliée, on n’en a plus parlé. Ce qui en est resté est allé en police correctionnelle sans exciter le moindre intérêt. Depuis, l’agitation a tenté de se produire sous une forme plus pacifique, pseudo-légale, sous la forme d’une campagne de propagande pour la révision de la constitution. Elle s’est donné des chefs, des mots d’ordre, des programmes, une apparence d’organisation régulière sous la direction d’une ligue qui s’est chargée de conduire le mouvement. Elle a essayé de pénétrer dans les conseils-généraux qui viennent d’avoir leur session d’avril ou de recruter des partisans dans les réunions publiques. Elle a beau s’ingénier, elle reste à peu près sans écho. Parmi les conseils-généraux un très petit nombre, deux ou trois, ont émis un vœu révisionniste, d’autres ont opposé à toutes les propositions la question préalable ; la plupart ne se sont pas occupés de la révision. Quant aux réunions publiques, elles sont assez lamentables ; elles manquent d’animation, elles languissent, ou elles finissent par des scènes de