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FREDERIC II
ET
LES ARTS A LA COUR DE PRUSSE

On sait la place que la littérature française a tenue dans les préoccupations de Frédéric II ; on connaît ses rapports avec nos auteurs et sa passion pour Voltaire, suivie bientôt de démêlés dans lesquels, il faut en convenir, ni le roi ni l’écrivain ne paraissent à leur honneur. Les artistes français ont aussi été l’objet des préférences de Frédéric. C’est comme un coin oublié de notre XVIIIe siècle que nous retrouvions en visitant, l’année dernière, les trois châteaux de Potsdam. Leur architecture, leur mobilier, les œuvres d’art dont ils sont ornés, les jardins qui les entourent, tout y rappelle la France, et quand, à côté de ces témoignages des monumens et des lieux, on interroge la vie, les amitiés, la correspondance et les écrits du roi de Prusse, on reste frappé de l’importance qu’il attachait aux arts. « J’ai aimé dès mon enfance les arts, les lettres et les sciences, écrivait-il, déjà âgé, à Grimm (26 septembre 1770), et lorsque je puis contribuer à les propager, je m’y porte avec toute l’ardeur dont je suis capable, parce que, dans ce monde, il n’y a pas de vrai bonheur sans eux. »


I

Le goût que Frédéric II devait manifester pour les arts apparut chez lui dès son enfance, et les maîtres auxquels son éducation avait été confiée contribuèrent sans doute à le développer. Par une