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LE
THEATRE ESPAGNOL

Essai sur le théâtre espagnol, par M. Louis de Viel-Castel, 2 vol. in-18. Paris, 1882, Charpentier.

Le théâtre espagnol est l’image de la vie espagnole. Son histoire se lie étroitement à celle du pays dont il fait revivre les souvenirs et dont il peint les mœurs. Né du peuple, il a grandi au milieu du peuple. Comme tous les théâtres modernes, il doit sa première origine à l’église ; il a commencé par être une partie de ces divertissemens religieux que le clergé offrait au public, les jours de fête, pour augmenter l’attrait et pour rehausser l’éclat des cérémonies. Puis il s’est sécularisé, mais sans jamais perdre son caractère populaire. C’est un enfant du peuple, un simple ouvrier, un batteur d’or de Séville, Lope de Rueda, qui le premier conçoit des caractères et représente une intrigue vraiment comique. Avec le matériel primitif que nous décrit Cervantes et qui s’enfermait tous les soirs dans un sac, avec quatre jaquettes de peau blanche, garnies de cuir doré, avec quatre barbes, quatre perruques et quatre houlettes, il parcourt et amuse l’Espagne.

La prodigieuse fécondité de Lope de Vega fait sortir très rapidement le théâtre espagnol de la période des commencemens obscurs pour