Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 56.djvu/861

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se faire des journées de 5 francs. Une brodeuse habile va jusqu’à 6 francs. Mais elles ont à subir une morte saison presque aussi longue que celle des fleuristes. Aussi peut-on considérer comme étant en réalité plus avantageuses pour les femmes les professions plus modestes de giletière et de culottière. Il paraît qu’une culotte et un gilet sont assez difficiles à bien faire. Aussi ce travail particulier est-il assez rémunérateur. Une bonne giletière ou culottière mécanicienne, c’est-à-dire travaillant avec une machine, peut gagner 4 fr. 50 par jour. Doivent être aussi considérées comme avantageuses les professions de fleuristes en fleurs communes (n’était la morte saison), de monteuses d’ombrelles et de parapluies, de brodeuses en armoiries, de brodeuses et de raccommodeuses de tapisseries, qui arrivent à se faire un salaire de la francs par jour. Mais ces professions n’emploient qu’une minorité parmi les ouvrières de Paris. Nous abordons des professions beaucoup plus remplies en arrivant à la catégorie des modistes et des couturières.

Le salaire des modistes varie beaucoup suivant leur goût, leur habileté et aussi suivant les magasins où elles sont employées. Le salaire moyen d’une modiste peut varier de 3 à 4 francs. Celui des couturières varie davantage encore suivant leur habileté et aussi suivant qu’elles sont employées à la confection, aux robes, aux pièces, ou qu’elles travaillent à la journée chez des particuliers. Il est impossible, sous peine d’allonger indéfiniment ce travail, d’entrer dans tous ces détails multiples. Bornons-nous à dire que, si quelques couturières en robes très habiles peuvent gagner de 4 à 5 francs par jour, la moyenne des couturières aux pièces gagne de 2 fr. 50 à 3 francs. Nous trouvons un salaire de 3 francs chez les brocheuses, chez les teinturières, métier peu apprécié des femmes, parce qu’il salit les mains ; chez les cartonnières, métier peu apprécié également, parce qu’il est malpropre et subit un chômage de huit mois ; chez les brunisseuses, chez les polisseuses en bijoux et chez les bonnes repasseuses. Nous descendons à un salaire de 2 fr. 75 avec les savonneuses, les corsetières, les raccommodeuses de dentelles, les passementières (qui subissent quatre mois de morte saison), et les ouvrières employées à la manufacture de tabacs (celles-ci vont cependant parfois jusqu’à 3 fr.) ; ce sont là assurément des gains bien modestes. Nous allons en trouver cependant de plus modestes encore dans les professions de brodeuses en tapisserie, de raccommodeuses de cachemires, d’enlumineuses en cartes de géographie, de piqueuses de bottines, de couseuses, brodeuses et piqueuses de gants, qui gagnent 2 francs par jour, quelquefois moins, surtout dans la cordonnerie et la ganterie, enfin dans la profession de lingère.

La lingerie est un des métiers qui emploient le plus de femmes