Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 56.djvu/847

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à 12 fr. 50 ; les ébénistes en meubles de luxe, de 8 à 11 francs ; les menuisiers en meubles massifs, de 8 fr. à 11 fr. 25 ; les menuisiers en sièges de luxe, de 7 à 10 francs ; les ébénistes en meubles ordinaires, de 5 à 8 francs ; les menuisiers en sièges ordinaires, de 4 fr. 50 à 6 fr. 50. Tel est le taux auquel les grèves récentes ont élevé les salaires dans l’industrie de l’ameublement, et il n’est pas très étonnant, lorsque les ouvriers italiens ou allemands se contentent d’un salaire de 3 à 5 francs par jour, que la concurrence de leurs produits fasse subir à cette industrie une crise beaucoup plus sérieuse que celle du bâtiment.

On pourrait être tenté de croire que ces industries du meuble et du bâtiment sont à Paris des industries privilégiées, où les ouvriers touchent des salaires exceptionnellement élevés. Aussi, pour compléter ces indications, prendrai-je encore deux industries qui n’ont rien d’exclusivement parisien : celle de la construction des machines et celle de la construction des wagons. Ces deux industries emploient à Paris un grand nombre d’ouvriers, et ici encore je pourrai donner des renseignemens de première main. Dans l’industrie de la construction des machines, les ouvriers les mieux payés sont les ajusteurs et traceurs, dont le salaire est de 8 fr. 50 par jour. Encore faut-il compter que c’est là un salaire moyen et que les ouvriers très habiles gagnent davantage. Viennent ensuite les forgerons et les marteleurs, qui sont payés en moyenne 8 francs. Puis les outilleurs, les embateurs et caleurs de roues, les chaudronniers et les cloutiers, dont le salaire oscille aux environs de 7 fr. 50 ; les tourneurs, les aléseurs, les mortaiseurs, les raboteurs et les chefs-monteurs, dont le salaire varie de 6 fr. 50 à 7 francs ; les pilonniers, les perceurs, les taraudeurs, les frappeurs et aides-marteleurs, dont le salaire varie de 5 fr. 50 à 6 francs ; enfin les aides-chaudronniers et les manœuvres, dont le salaire dépasse quelque peu 5 francs. Tous ces salaires ont augmenté depuis dix ans d’une somme qui peut varier de 1 fr. 50 à 3 francs et qui est en général du tiers du salaire, l’augmentation ayant toujours été, comme dans l’industrie du bâtiment, d’autant plus forte que le salaire était plus élevé.

Dans l’industrie de la construction des wagons, qui peut servir aussi d’indication pour celle de la carrosserie, voici les salaires que nous trouvons : les modeleurs (dont le salaire a augmenté de 3 fr. par jour depuis dix ans), sont payés 9 fr. 50 ; les charrons, les peintres-rechampisseurs, broyeurs ou vernisseurs, de 7 fr. à 7 fr. 50 ; les menuisiers, zingueurs, ferreurs, ferblantiers, garnisseurs, selliers, de 6 fr. 50 à 7 francs ; les ébénistes et ouvriers aux machines à bois, de 6 fr. à 6 fr. 50 ; les peintres ordinaires et ponceurs, de 5 fr. 50 à 6 francs, enfin les chefs-manœuvres et manœuvres, de 5 fr. à 5 fr. 50.