centimètre varie suivant l’habileté de l’artiste et aussi suivant la nature de l’œuvre. C’est ainsi que le centimètre carré de figure se paie plus cher que le centimètre carré de paysage. Le prix minimum du centimètre carré est de 0 fr. 15. Un graveur ordinaire peut arriver à se faire 8 à 9 francs par jour. S’il est habile et connaît bien son métier, il va sans difficulté jusqu’à 15 francs. S’il est doué d’une habileté exceptionnelle et s’il arrive à être connu dans sa profession, c’est 20, 25 et jusqu’à 30 francs par jour qu’il peut gagner. Mais ce sont là des cas exceptionnels, et les ouvriers qui arrivent à toucher des salaires aussi élevés sont presque des artistes. Il en faut cependant tenir compte, et l’on peux dire que dans les différentes professions qui se rattachent à la bijouterie, à l’orfèvrerie, à l’imprimerie, à la gravure, les salaires habituels varient de 7 à 10 francs, les salaires élevés de 10 à 15 francs et les salaires exceptionnels de 15 à 30 francs. Voilà, pour les professions de la première catégorie, celles où le salaire rémunère surtout le don naturel et l’intelligence. Passons maintenant aux professions de la seconde catégorie, à celles où le salaire rémunère à la fois l’instruction professionnelle et l’effort physique.
Je prendrai d’abord pour exemple les diverses professions qui se rattachent à l’industrie du bâtiment. Nous aurons ici l’avantage de nous trouver en présence d’un document « certain : c’est la Série des prix de la ville de Paris. On sait, en effet, que la ville de Paris fait paraître chaque année sous ce titre le recueil des prix qu’elle paie aux ouvriers employés par elle. Il y a quelques années, on serait tombé dans l’erreur si on avait donné ces prix comme étant le salaire courant de la main-d’œuvre dans l’industrie du bâtiment. Ce n’étaient que des évaluations maxima sur lesquelles la ville s’appuyait pour régler les mémoires de ses entrepreneurs. Mais aujourd’hui, grâce à la faiblesse des autorités municipales, ces prix maxima sont devenus le tarif véritable des salaires pour les ouvriers employés dans les travaux publics, et ce tarif tend de plus en plus à s’imposer, grâce à l’entente des ouvriers entre eux, aux entrepreneurs de travaux privés. C’est donc à l’administration parisienne et à ses concessions trop faciles que revient en grande partie la responsabilité de l’exagération du prix de la main-d’œuvre dans l’industrie du bâtiment, exagération qui, par un retour facile à prévoir, tient sa part dans la crise traversée aujourd’hui par cette industrie. Nous allons nous rendre compte, en effet, avec quelle rapidité les ouvriers du bâtiment ont vu hausser leurs salaires depuis quelques années.
Voici quels sont les prix que la ville de Paris paie aujourd’hui à ceux qu’elle emploie : le tailleur de pierres en ravalement est payé