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les salaires de l’ouvrier moyen. Quant aux chefs d’atelier et aux ouvriers hors ligne, ils peuvent arriver à gagner : le bijoutier et le graveur 15 francs, le ciseleur 20 francs, et le sertisseur 30 francs par jour. Mais c’est l’exception. Dans ces industries, il n’y a pas, à proprement parler, de morte saison ; cependant le travail est moins actif pendant les quelques mois d’été.

Les ouvriers employés dans les imprimeries se divisent en plusieurs catégories : les compositeurs, les metteurs en pages et les conducteurs de machines. Les compositeurs qui sont payés à l’heure, ce qu’on appelle lès ouvriers travaillant en conscience, reçoivent un minimum de 0 fr. 65 par heure ; mais, suivant leur degré d’intelligence et d’habileté, suivant aussi la nature du travail plus ou moins difficile qu’on leur donne à faire, ils peuvent gagner jusqu’à 0 fr. 80, 1 franc et même 1 fr. 10 de l’heure, ce qui fait, pour une journée de dix heures, un salaire minimum de 6 fr. 50, maximum de 11 francs. Il faut compter que le salaire le plus habituel est de 7 à 8 francs. Les compositeurs travaillant aux pièces (c’est le mode de travail le plus usité) sont payés 0 fr. 65 pour le mille de lettres. Suivant leur plus ou moins grande habileté et la nature de la copie qu’on leur donne à composer, ils peuvent atteindre, comme l’ouvrier travaillant en conscience, à un salaire de 6 à 11 francs. Il en est de même des corrigeurs, c’est-à-dire de ceux qui exécutent les corrections. Il s’agit ici des compositeurs employés dans les imprimeries qui travaillent pour la librairie. Les ouvriers employés à la composition des journaux sont payés 10 francs pour sept heures de travail pendant le jour et 12 francs la nuit. Ils ont de plus sur leurs compagnons travaillant pour la librairie cet avantage d’avoir leur besogne assurée toute l’année, tandis que les imprimeries qui travaillent pour la librairie, ayant moins de travaux à exécuter pendant certains mois de l’année, ne gardent pendant ces mois que leurs meilleurs ouvriers.

Au-dessus des compositeurs il y a les metteurs en pages ; ceux-ci se font un salaire habituel de 10 à 12 francs, pouvant s’élever même dans certains cas jusqu’à 15 francs. Enfin il y a les conducteurs de machines ; car, dans les grands imprimeries, les machines à vapeur ont remplacé, comme chacun sait, l’antique presse à bras. Un conducteur de machine ordinaire gagne de 8 à 10 fr. S’il est bon ouvrier, son salaire s’élève jusqu’à 12 francs. Enfin, si dans les feuilles tirées par lui se trouvent des gravures, et s’il est employé à ce qu’on appelle, en termes techniques, le découpage, cette opération lui assure un salaire supplémentaire de 5 francs, qui porte son gain journalier à 15 francs.

La gravure sur bois se paie au centimètre carré. Le prix du