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nom sera souvent mêlé à la vie de notre héros, n’est pas présent ; le lieutenant-colonel, Puységur, fait prisonnier l’année précédente, est encore chez les ennemis ; ils sont remplacés par le premier capitaine. Tous les officiers d’infanterie sont dans le rang ; les mestres de camp et sergens-majors sont seuls en dehors, sur le flanc de leur troupe, à pied et la pique à la main.

Auprès de Piémont, le premier des « petits vieux, » Rambure, dont le nom depuis Ivry est synonyme de bravoure. Ces deux régimens sont presque toujours ensemble. René de Rambure, quatrième mestre de camp de ce nom, vient de remplacer son frère, tué à Honnecourt. Le duc d’Anguien passe ensuite devant le front de quelques régimens moins célèbres, parmi lesquels nous remarquons celui du comte de Bussy-Rabutin, qui ne sert pas pendant cette campagne. Au centre, à la place fixée par les ordonnances, il trouve les Écossais et les Suisses ; parmi les étrangers, ce sont ceux que la plus vieille fraternité d’armes unit aux troupes françaises ; le roi vient d’accorder ou plutôt de maintenir aux premiers le rang des gardes[1]. Molondin[2], de Soleure, se fait remarquer par la belle apparence de ses deux bataillons ; le mestre de camp est un manœuvrier émérite. Puis M. le Duc va voir les troupes de la troisième ligne, surtout les gendarmes qui sont le fond et le nerf de cette réserve, beaux chevaux, braves cavaliers, dont plusieurs sont ses amis. Montcha[3], guidon des gendarmes de la reine, a le commandement des six compagnies qui forment deux escadrons.

Après s’être entretenu quelques momens avec Sirot du rôle assigné à la réserve dans la journée du lendemain, M. le Duc retourne à la première ligne. La Fressinette[4], lieutenant-colonel, présente le régiment de Persan ; le prince apprend avec douleur qu’on vient d’emporter le mestre de camp, son ami et un des meilleurs officiers d’infanterie de l’armée, grièvement blessé d’un coup de canon. « Picardie » a la « droite de tout, » c’est le doyen de

  1. Par décision du 16 avril 1643, connue à l’armée le 18 mai, le régiment des gardes écossaises devait prendre rang immédiatement après les gardes suisses. Ce régiment, déjà fort beau, avait été récemment lové par le comte d’Erwin, qui eut pour successeur André Rutherford, comte de Teviot.
  2. Molondin, levé en 1635, montra une grande fermeté en 1636. Le chef de corps, Jacques d’Estavayé de Molondin, ayant pris une compagnie aux gardes suisses, laissait le commandement du régiment à son frère, en faveur duquel il se démit définitivement lorsqu’il fut nommé maréchal de camp en 1645. Imbotti lui dédia son curieux ouvrage sur la milice moderne. Louis de Roll, qui commandait à Rocroy un autre régiment suisse d’un bataillon (levé en 1641) était aussi de Soleure. Watteville (deux bataillons) était de Berne.
  3. Montcha (Edme-Claude de Simiaae, comte de) successivement guidon, sous-lieutenant et capitaine-lieutenant des gendarmes de la reine, quitta sa compagnie et le service, à la mort d’Anne d’Autriche (1666).
  4. Tué le 4 août 1644 devant Fribourg.