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représentent convenablement (fairly) les opinions de la majorité de nos églises, ne constituent pas un corps de doctrine obligatoire, dans l’unitarisme et n’ont pas été rédigées pour exclure de. notre communion aucun de ceux qui, tout en différant de nous par leurs croyances, sont cependant en sympathie générale avec nos projets et nos buts pratiques. »

Quoique les états de la Nouvelle-Angleterre soient restés le quartier-général de l’unitarisme, il ne s’y est pas maintenu en rapport avec l’accroissement de la population. A Boston même, bien qu’il y possède une trentaine de congrégations, il n’a guère pénétré dans la classe inférieure, où la prédominance des émigrés irlandais a considérablement développé les forces du catholicisme, et il se voit disputer la classe supérieure par l’église épiscopale, qui devient de plus en plus le culte fashionable des États-Unis. Du reste, Boston elle-même a cessé d’être le centre exclusif de la culture intellectuelle, the hub of the universe, comme disaient ironiquement ses voisines, moins favorisées dans le domaine de l’intelligence. D’une part, l’invasion du luxe et de la frivolité sociale a quelque peu entamé la simplicité des mœurs et la soif des jouissances morales qui y avaient survécu au rigorisme de la théologie calviniste ; d’autre party ; New-York, Saint-Louis, Chicago et d’autres villes encore, de grandeur récente, commencent à lui disputer le monopole des lettres et la direction de la pensée américaine.

Heureusement pour l’unitarisme, celui-ci a trouvé un champ d’exploration fertile dans les états de l’intérieur, où il répondait à la fois au double besoin de liberté intellectuelle et de culture religieuse. On ne doit pas s’étonner s’il y a pris des allures plus indépendantes encore que dans les états de l’Est. La Conférence des unitaires de l’Ouest a omis dans sa constitution le préambule qui avait provoqué de si regrettables dissensions dans la conférence nationale de 1865. Son principal organe, Unity, rédigé avec une grande largeur de vues par le révérend Jenkins L. Jones, a pris pour mot d’ordre la devise même de la religion libre : « Liberté, moralité et fraternité en religion (Freedom, character and fellowship in religion). » De nombreuses églises et même des groupes entiers de congrégations, tels que les Conférences des unitaires du Michigan et du Kansas, la Fraternité des sociétés religieuses libérales d’Illinois, etc., se déclarent ouvertes « à tous ceux qui croient pouvoir y accomplir ou en retirer quelque bien. »

Le courant d’idées qui a ainsi émancipé l’unitarisme s’est fait sentir également dans plusieurs autres sectes. La fraction progressiste des quakers (progressive friends), qui tient sa session annuelle à Longwood, en Pensylvanie, a absolument adopté le programme de la a religion libre », » s’il faut en juger par la plate-forme de leur