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« congrégations » les plus nombreuses de New-York. Ses « offices, » qui ont * lieu le dimanche matin, ne se composent que d’une conférence entre deux points d’orgue ; Mais, après la sortie du public, les membres se constituent en réunion privée pour s’occuper des différentes œuvres sociales qu’ils ont fondées, — notamment une école du dimanche pour l’enseignement de là morale, — un Kindergarten, d’après la méthode Frœbel, — une école industrielle avec un musée technique, — enfin un service de secours à domicile dans les quartiers pauvres. — La réussite de ces œuvres a été un nouveau moyen de propagande pour l’association, qui s’est fait ainsi estimer des esprits même les plus hostiles à ses principes.

Il ne faudrait pas limiter l’influence de la religion libre aux sociétés qui ont accepté son nom ou son patronage. La Free religious Association est devenue pour l’unitarisme ce que l’unitarisme lui-même a été pour les autres communions religieuses, — un levain de liberté intellectuelle. — Les unitaires comptent aux États-Unis, d’après leur annuaire de 1880, trois cent quarante-quatre congrégations, trois cent quatre-vingt-dix-neuf ministres (dont trois du sexe féminin), deux facultés de théologie, l’une à Harvard, l’autre à Meadville, une revue mensuelle et de nombreux recueils hebdomadaires, plusieurs asiles et quantité d’œuvres religieuses ou d’œuvres philanthropiques. On pouvait craindre qu’après le départ de MM. Abbot, Potter, etc., la conférence nationale ne penchât davantage encore à droite. Mais, après quelques tâtonnemens, la majorité refusa de se laisser entraîner plus loin dans la voie du dogmatisme. Quelques-uns des réactionnaires les plus ardens se retirèrent alors à leur tour, notamment le révérend Hepworth, qui fonda à New-York une congrégation indépendante sur les confins de l’orthodoxie. Cette disparition des élémens extrêmes, en enlevant sa principale vivacité à la controverse qui se poursuivait depuis la fondation de la conférence, permit à l’unitarisme de concentrer son activité dans des préoccupations pratiques qui devaient forcément le rapprocher du terrain choisi par la Free religious Association. Celle-ci compte parmi ses membres plus de trente ministres unitaires. Quelques-uns de ces derniers vont jusqu’à mettre parfois leurs chaires à la disposition d’un agnostique tel que M. Adler, d’un séculariste tel que M. Holyoake, le président de la British secular Union, enfin d’un rabbin libéral tel que M. Gottheil, de New-York. Pour figurer sur le rôle de la conférence nationale, il suffit désormais de se dire chrétien à la façon du révérend Chadwick, qui étend cette dénomination à tous les esprits issus du développement de la civilisation chrétienne. Enfin, dans sa session de septembre 1882, la conférence a voté un nouvel amendement portant que « les déclarations de notre constitution, bien qu’elles