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prolétariat rural par l’éducation, d’alléger la misère des campagnes par l’abaissement des droits qui empêchent l’entrée des grains et des farines. Tout se tient, et le meilleur moyen de combattre les propagandes socialistes pu Andalousie comme dans d’autres provinces, c’est de compléter les répressions nécessaires du moment par des réformes bien entendues, coordonnées, sans lesquelles ces troubles peuvent reparaître sans cesse, s’étendre et devenir un vrai péril pour l’Espagne.

La Hollande est, heureusement pour elle, une des contrées européennes les moins exposées à ces crises qui touchent au plus profond d’un état social ; mais elle a des crises ministérielles qui se succèdent, qui, en se renouvelant, finissent par affaiblir tous les pouvoirs. Le cabinet van Lynden, qui existait il y a peu de jours encore, avait déjà passé une première fois, il y a près d’un an, par une de ces crises intimes, et il ne s’était reconstitué qu’avec beaucoup de peine, en sacrifiant quelques-uns de ses membres. Il a vécu depuis au milieu des difficultés, dans des conditions des plus laborieuses, et il vient maintenant d’être définitivement renversé. Un nouvel interrègne ministériel s’est ouvert pour la Hollande, et il est douteux qu’il se dénoue cette fois, comme l’an dernier, par une simple reconstitution de l’ancien cabinet sous la présidence continuée de M. van Lynden.

Cette nouvelle crise ministérielle, qui est certainement un embarras pour la Hollande, elle a eu une sorte de prologue dans un conflit engagé entre le ministre des colonies, M. de Brauw, et la seconde chambre au sujet du renouvellement d’une concession faite à la société des mines d’étain de Blitong. Cette concession, le ministre des colonies l’avait faite ou prolongée de sa propre autorité de concert avec le gouverneur-général des Indes, M. Jacob : il croyait évidemment user d’un droit ministériel. Le chambre, de son côté, a contesté ce droit. Le ministre a résisté jusqu’au bout en essayant de se couvrir du consentement royal, et la conséquence a été un vote formel de désapprobation devant lequel M. de Brauw s’est aussitôt retiré ; mais ce n’était là que le prélude de la chute complète et définitive du cabinet qui a été préparée par des causes diverses et décidée par deux échecs successifs devant le parlement. Le président du conseil, M. van Lynden, justement préoccupé de l’état difficile des finances néerlandaises, qui sont en déficit depuis plusieurs années, a demandé à la chambre la ratification d’un emprunt de 60 millions destiné à éteindre la dette flottante et à assurer le service du budget. La chambre n’a pu naturellement refuser un emprunt devenu nécessaire et déjà contracté; elle a pourtant modifié le projet et changé le taux de l’emprunt proposé par le cabinet. L’échec était après tout médiocre, si c’était un échec; il eût été sans résultat s’il n’eût coïncidé avec une autre mésaventure ministérielle plus grave ou plus significative. Le gouvernement du roi Guillaume a proposé depuis quelques mois une réforme