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découverte on a fait un jardin rempli de treilles, d’orangers et de figuiers aux troncs énormes et noueux. Des vignes y grimpent le long des colonnes et marient leurs festons de pampres verts au feuillage de pierre des chapiteaux. Rien de charmant comme l’aspect de ce verger riant dans une imposante ruine.

Si l’exécution du plan de l’architecte de Robert Guiscard avait été achevée, il est évident que l’on aurait rasé l’église plus ancienne, laissée debout provisoirement pendant la construction de la nouvelle. Celle-ci, au contraire, a fini par rester seule affectée au culte, puisque l’édifice qui devait lui succéder n’a pas été mené à terme. L’église vieille est située dans l’axe même de la nef de la grande église inachevée, qu’elle semble prolonger en avant; ses proportions sont les mêmes en largeur et notablement moindres en longueur, son architecture est médiocre et lourde; elle est actuellement en contre-bas du sol environnant. Ses murs extérieurs paraissent être restés, sans presque avoir été remaniés, ceux de l’église qui avait été bâtie au Xe siècle, lors de la fondation du monastère, église en forme de basilique latine avec narthex. Mais, à l’intérieur, le plan et les dispositions ont été changés. L’édifice a été. en effet, repris et modifié intérieurement à diverses reprises : d’abord au milieu du XIe siècle, travaux à la suite desquels le pape Nicolas II le consacra solennellement en 1059, lors du concile de Melfi; ensuite en 1126, sous le duc Guillaume; enfin dans des remaniemens très modernes qui en rendent au premier abord le plan fort obscur, par suite des murs de refend établis pour ménager des chapelles fermées et des sortes de sacristies. Si l’on fait abstraction de ces additions maladroites, on reconnaît qu’à la suite de la dernière restauration, celle du XIIe siècle, la disposition intérieure de l’église était la suivante. L’abside restait celle d’une basilique, avec son chœur empiétant sur le vaisseau même de l’édifice. En avant du chœur, ce vaisseau était divisé en trois nefs par de gros piliers de maçonnerie fortement moulurés que reliaient deux par deux, en travers de la nef centrale, comme à Saint-Nicolas de Bari, de grands arcs bandés, dont la forme en fer à cheval est tout arabe. La maîtresse nef est ainsi formée de quatre travées transversales. Dans chacune d’elles, bordant la nef, les gros piliers ne se rattachent pas l’un à l’autre par un seul arc, mais bien par deux arcs successifs en ogive, dont la retombée commune est portée par une colonne de marbre provenant d’édifices antiques. Le tout est couvert d’un plafond de bois. Un campanile carré s’élève en avant de la porte de cette église, à laquelle sa partie inférieure forme un porche couvert.

C’est à l’intérieur, dans les nefs latérales, que sont les tombeaux