puisqu’il équivalait à du 3 pour 100 à 73 francs environ. Alors qu’on n’osait trop espérer que la souscription fût entièrement couverte, il s’est trouvé que l’épargne s’était jetée avec un empressement extraordinaire sur un placement qui lui paraissait plus rémunérateur qu’aucun de ceux que pouvait lui offrir le marché dans son état actuel, et c’est ainsi que huit cent mille obligations entièrement libérées ont été demandées au Crédit foncier, qui n’en avait que six cent mille à offrir.
Cet établissement a pu disposer tout à coup de sommes énormes dont il n’avait pas l’emploi immédiat en opérations hypothécaires. Il les a appliquées à des achats de rentes françaises, comme ses statuts lui en donnaient le droit, et ces achats, se produisant au moment où les tendances de la spéculation étaient fort pessimistes, ont contrarié très vivement le jeu des baissiers. En effet, la liquidation étant proche, et le Crédit foncier achetant avec l’intention avouée de lever des titres, le découvert s’est senti menacé, des rachats ont eu lieu avec une grande précipitation, le titre a fait défaut à l’heure critique et un déport considérable a été coté à la fois sur le 3 pour 100 et sur le 5 pour 100. Ce dernier fonds, coté un moment 114 francs, s’est d’abord relevé à 115 francs, puis, le coupon trimestriel étant détaché, a repris en deux ou trois séances ce même cours de 115 francs, aux environs duquel on l’a vu depuis se tenir. Le 3 pour 100 a dépassé 79 francs et l’amortissable 80 francs.
Nos rentes d’ailleurs ont seules donné lieu à des transactions suivies pendant toute cette quinzaine, tandis que le marché des valeurs a été en général extrêmement inactif, la spéculation s’étant renfermée dans une abstention systématique et ayant laissé le champ libre pour la lutte du Crédit foncier, établissement acheteur, contre le groupe de vendeurs qui avait opéré sans résistance à la baisse jusque vers le 25 janvier. Les conditions particulières dans lesquelles s’est effectuée la liquidation ont eu pour conséquence, pendant la seconde semaine de février, des demandes quotidiennes de rentes par voie d’escompte, portant sur des chiffres d’une réelle importance. Ces demandes n’ont pas déterminé les vendeurs à abandonner leurs positions ; on a remarqué, au contraire, qu’ils ont vendu à la coulisse ce qu’ils étaient obligés de racheter au parquet ; mais les escomptes n’en ont pas moins empêché les baissiers de tenter ce retour offensif que l’on devait redouter dès lors que les préoccupations politiques restaient aussi vives.
Aussi toute la cote s’est-elle tenue à peu près dans l’immobilité du 1er au 15 février, et si l’on ne considère que la situation de place, on ne peut contester que la hausse ne soit facile à obtenir, mais il est également certain que, si un revirement ne se produit pas dans l’état des choses gouvernementales et parlementaires, le public ne suivra pas la spéculation et persistera dans son abstention.
Les actions de la Banque de France se sont tenues entre 5,200 et