Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/622

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FRANCOIS Ier.
Ferron !
FERRON.
Tu dois te souvenir…
Comme j’ai tout appris, j’ai voulu tout punir.
Il me vint dans l’idée à moi que ta complice
Elle-même servit d’instrument au supplice ;
Alors je suis allé dans le lieu que j’ai pu
Trouver le plus infect et le plus corrompu.
Entends-tu bien cela ? — Là j’ai risqué ma vie
Grâce à l’enfer, ma haine à souhait fut servie.
………
Sais-tu qu’après cela ma femme, que j’aimais,
Voulait à ton amour renoncer à jamais,
Et qu’il me fallut, moi, — comprends-tu la torture ?
Pousser jusqu’à ton lit la pauvre créature !
— Elle est morte ; — c’est bien ! — moi, je me suis guéri ;
Mais de corps seulement, car j’ai le cœur flétri !
Misérable et souffrant et las de l’existence,
J’ai blanchi dans le jeûne et dans la pénitence.
Hélas ! j’ai cru gagner en changeant de tourment,
Et que c’est souffrir moins que souffrir autrement.
J’ai fui ; mais la douleur, effroyable compagne,
Parcourut avec moi l’Italie et l’Espagne ;
Quoiqu’elle m’ait fait chauve et caduc en huit ans,
J’ai su que tu mourais ; j’accours : — il était temps !
………
FRANÇOIS IER, faisant un dernier effort.
Cet homme m’a tué, qu’on mande le dauphin.
Allez vite, je sens que je me meurs !
FERRON.
Enfin !


Et tel que le Yakoub du Charles VII de Dumas, le sombre justicier s’éloigne en passant au milieu des personnages terrifiés, dont les rangs s’écartent comme devant un être surnaturel.

Il est certain que toutes ces pièces ont un air de famille et que même alors que le sujet diffère, elles se ressemblent par maints détails caractéristiques. Je viens de citer Charles VII, mais les rapports avec l’épilogue de Christine vous sautent aux yeux bien davantage. Abondance, outrance, impertinence ! chez les grands comme chez les moindres, effort constant vers le trivial et l’obscène qu’ils vous donnent sous couleur locale comme les naturalistes d’aujourd’hui colportent leurs marchandises sous le manteau du document humain. Et, jugez de l’inconséquence, ces hommes qui se font un plaisir, sinon un devoir, de promener leur muse dans les