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à l’éclosion de la renaissance ? Qui ne connaît son grand ouvrage sur les mosaïques des églises de Rome avant le XVe siècle, en cours de publication, — recueil de planches chromolithographiques très habilement exécutées, avec un texte si substantiel et si nouveau quant aux résultats historiques, — ses curieux travaux sur les Cosmati, cette dynastie d’artistes des XIIIe et XIVe siècles qui a laissé jusque dans la Rome moderne des œuvres délicates, ses études sur Rienzi et les premiers collectionneurs de textes épigraphiques, sur ce Cyriaque d’Ancône, qui s’en allait jusqu’en Orient recueillir les inscriptions et les médailles, sur ce Léon-Baptiste Alberti, le vrai précurseur de Léonard, sur tant d’autres promoteurs plus ou moins inconsciens du développement intellectuel ?

On trouvera l’indication précise de ces études à la fois si pénétrantes et si diverses dans l’album qui va être distribué à tous les souscripteurs, et dont nous avons sous les yeux les premiers exemplaires. On a eu l’heureuse idée d’y insérer (outre les harangues prononcées au Laterano et la liste complète des souscripteurs) une bibliographie raisonnée de toute l’œuvre de M. de Rossi. Elle se divise en trois parties : Antiquités chrétiennes, Épigraphie classique. Topographie romaine et Histoire ancienne et du moyen âge. Il n’y a qu’à parcourir ce très curieux catalogue pour se convaincre du caractère général et supérieur de l’œuvre érudite qui s’y déploie.


Dans sa réponse aux discours qui lui avaient été adressés, M. de Rossi a eu, comme on devait s’y attendre, des traits singulièrement justes et délicats. Il convenait à ce Romain de mettre en relief le caractère international de la science, que son exemple vérifiait si bien, puisque, collaborateur de M. Mommsen et de M Henzen dans l’œuvre du Corpus, il l’a été de M. Léon Renier et de M. Waddington pour l’édition française de Borghesi ; n’a-t-il pas en ce moment encore pour collègue dans les études d’archéologie chrétienne un des nôtres, M. Edmond Le Blant, qu’il a appelé dans cette réponse il dittatore delle cristiane anlichità delle Gallie ? Il s’est réjoui, non sans d’affectueuses paroles pour le précédent directeur, de voir confiés à ce savant les intérêts de notre école française de Rome. Il lui convenait encore de se féliciter que le caractère international se retrouvât dans la forme d’un hommage qu’il acceptait au nom de la science, a-t-il dit, plutôt que pour lui-même. Mais dans ce concert il a distingué la voix de la France comme lui allant particulièrement au cœur, et il a salué avec joie le retour d’un commerce scientifique et littéraire qui lui avait été naguère d’un grand charme. Il avait tous les droits à répéter que Rome ne cesse pas d’être la ville sainte pour qui veut contribuer à ce progrès des fortes études classiques si important à la direction intellectuelle