Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/418

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CLASSIQUES ET ROMANTIQUES

Le Romantisme des classiques, par M. Emile Deschanel. Paris, 1883; Calmann Lévy.


I.

Qu’est-ce qu’un classique et qu’est-ce qu’un romantique? Telle est la double question que soulève d’abord ce titre, assurément bien trouvé pour provoquer la curiosité : le Romantisme des classiques. Et la réponse tient en quatre mots, si nous en croyons M. Emile Deschanel, quatre mots, pas davantage, dont ce livre est l’agréable, habile et brillant développement, — trop brillant, trop habile, trop agréable même quelquefois. Un romantique serait tout simplement un classique en chemin de parvenir, et, réciproquement, un classique ne serait rien de plus qu’un romantique arrivé.

« Ceux que nous admirons le plus aujourd’hui, nous dit M. Deschanel, et qui sont en possession d’une gloire désormais incontestée, furent d’abord, chacun en son genre, des révolutionnaires littéraires. Et ceux qui n’ont pas fait révolution en leur temps n’ont pas survécu, parce qu’ils n’avaient ni assez de relief ni assez de ressort; ou bien ils ne survivent qu’au second rang ou au troisième, dans la mesure même et dans la proportion du plus ou moins d’originalité de leur talent. » Faut-il des noms à l’appui de la définition? Si l’auteur du Cid et de Polyeucte, par exemple, est un classique aujourd’hui pour nous, c’est qu’il commença par être un romantique pour ses contemporains. Le déchaînement des auteurs ne fut-il pas, en effet, dans cette mémorable année 1633, presque universel contre