nombreuses faites pour arriver à leur synthèse, n’ont pu jusqu’à présent être reconstituées artificiellement dans les laboratoires; mais il n’en est pas de même pour celles qui prennent naissance sous l’influence exclusive de la voie sèche. Dans ces derniers temps, on les a refaites de toutes pièces, de manière à imiter, non-seulement leur composition minéralogique, mais encore les particularités les plus délicates de leur structure.
Pour arriver à ce résultat, il a fallu surmonter bien des difficultés pratiques et surtout se dégager de préjugés qui régnaient dans la science et paralysaient à l’avance les expérimentateurs, en leur ôtant tout espoir de succès. Les voix les plus autorisées proclamaient à l’envi l’impossibilité de refaire des roches. Comment imaginer que, dans un creuset contenant seulement quelques grammes de matière, on parviendrait à reproduire des associations cristallines identiques à celles que-les volcans vomissent, à chaque éruption, en masses de plusieurs millions de mètres cubes? Cette méfiance des forces à mettre en jeu s’appliquait particulièrement aux pressions et aux températures. On comparait volontiers ces impossibilités à celles qui arrêtent encore les physiologistes en quête d’une production artificielle de la cellule organique élémentaire. Parmi les nombreux faits qui préoccupent le monde savant, la genèse des associations minérales qui composent les roches éruptives demeurait avant tout un sujet d’étonnement et d’admiration; les réflexions les plus profondes n’arrivaient pas à taire comprendre comment un magma homogène donnait simultanément naissance à diverses substances cristallisées. La nature avait résolu le problème, mais elle semblait s’être enveloppée d’un mystère impénétrable. Des écrits publiés, il y a quelques années à peine, par les savans les plus compétens de l’Europe, exposaient encore dans toute leur force ces doctrines énervantes.
Cependant des tentatives pour arriver à la synthèse des roches éruptives ont été faites en Écosse par James Hall, dès la fin du siècle dernier. Il les avait entreprises pour mettre à l’épreuve certaines opinions de son maître, Hutton, sur l’origine des roches cristallines. Celui-ci considérait la reproduction des roches vitreuses comme seule réalisable ; l’industrie humaine ne pouvait, suivant lui, fournir autre chose que des vendes ou des scories informes. Ainsi, le chef de l’école plutonique lui-même ne croyait pas possible la synthèse par voie ignée des roches éruptives les plus communes. Malgré cela, James Hall fit fondre dans un creuset de graphite différentes roches naturelles avec l’idée de les régénérer : des basaltes, des laves d’Islande, de l’Etna, du Vésuve. Il constata que, si par un refroidissement brusque, on obtient des verres, un refroidissement lent amène la formation de masses rugueuses offrant des indices de cristallinité.