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non-seulement au sud, mais aussi des rives de la Drina le long de la Save et jusqu’aux frontières de la Croatie; tandis qu’il eut beaucoup de peine à pénétrer dans le centre de la Bosnie, dans les districts de Prozor, Trawnik, Vissoka, Neretva, Fojnitza, etc. Cela tient sans doute à ce que les catholiques avaient là leurs couvens les plus célèbres, tels que ceux de Sutiska, Krétchevo et Fojnitza, qui existent encore aujourd’hui, et peut-être aussi à ce que la principale résidence des rois catholiques bosniaques était à Bohovatz, non loin de Sutibka, ce qui dut arrêter de ce côté le prosélytisme de l’église orthodoxe.

Le clergé catholique est exclusivement indigène et appartient à l’ordre des franciscains mineurs, qui vint s’établir en Bosnie vers l’année 1325, et en Herzégovine, près d’un siècle plus tôt; il a pour chef spirituel un évêque in partibus nommé directement dans chaque province par la cour de Rome, et qui, avec le titre de vicaire apostolique, relève nominalement de l’évêque de Djakova[1] pour la Bosnie et de celui de Makarska en Dalmatie pour l’Herzégovine, sauf les districts de Trébigné et de Stolatz, qui sont rattachés au diocèse de Raguse. Les couvens obéissent plus spécialement à un provincial élu tous les trois ans par un conseil, dit conseil des définiteurs, lequel se réunit à époque fixe pour procéder à cette élection, examiner les questions de discipline et pourvoir à la nomination des curés.

Ces derniers ne sont, en effet, que des pères franciscains détachés des monastères. Chacun de ces couvens, — absolument indépendant des autres au point de vue du temporel, de telle sorte qu’on en voit de riches, comme Fojnitza, et de pauvres comme Pléhan, — a sous sa dépendance un certain nombre de paroisses desservies par ses moines; chaque monastère taxe ses curés à un tant par an qui est versé à la caisse du couvent; les parochs vivent du surplus des cotisations des fidèles. A chaque cure est annexée une école primaire dirigée par le curé[2]  ; au monastère central où

  1. Il y a deux cents ans, l’évêque franciscain de Bosnie fut chassé par les Turcs; il se transporta à Djakova, mais il fut massacré dans une visite pastorale, sur la rive droite de la Save. C’est à cette époque que l’évêque de Djakova devint, l’évêque nominal de Bosnie. Mais, en réalité, il y a toujours eu un vicaire apostolique qui, suivant les circonstances, a résidé, ici et là, et qui depuis l’arrivée des Austro-Hongrois, a transféré son siège à Serajewo. — Depuis que ces lignes ont été écrites, la hiérarchie catholique a été régulièrement établie en Bosnie et en Herzégovine, et au mois de juillet 1881, un archevêque a été nommé à Serajewo, un évêque à Mostar, un autre à Banjaluka.
  2. A Zienitza, par exemple, il y a 47 enfans à l’école primaire pour une population de 1,300 catholiques. On leur apprend la lecture, l’écriture, le calcul, un peu d’histoire et de géographie.