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Les villages ont un aspect ravissant. Les cases sont les mieux faites et les plus propres de toute la Sénégambie. Elles sont construites de façon à résister aux pluies torrentielles qui durent sept mois, et donnent de l’ombre et de la fraîcheur pendant la sécheresse.

Le climat est tempéré sur les hauts plateaux de ce pays, dont bien des sites m’ont rappelé certaines provinces de la France, le Bourbonnais et l’Auvergne. Je le crois habitable pour les Européens, surtout dans le Timbi et le Labé.

Outre l’industrie pastorale, qui est très prospère chez eux (dans certaines régions, le Bouvé, le Tangué, les bœufs viennent très bien et se multiplient avec une grande facilité), les Pouls forment des caravanes qui descendent à la côte, portant des cuirs préparés, du caoutchouc, de la cire, de l’ivoire et de l’or, du beurre de karité et du café qui vient sur les bords du Rio-Fattala.

Le sol leur donne en abondance du foigno, graminée très nourrissante qui fait la base de leur nourriture, du riz, des arachides, des sésames, du maïs, du mil et des fruits, tels que les orangers, les citronniers, les papayers, les mangos, les kolas, les dattes et quelques fruits particuliers au pays. Le tabac y vient très bien, et je crois que beaucoup de plantes d’Europe y pousseraient, le blé, le mûrier, peut-être la vigne. Les textiles, les matières tinctoriales se rencontrent partout. Les bois de construction abondent ; les acacias, les cailcédras, les rosiers, les tamariniers, les pandanus, les rhat pourraient être utilisés.

La faune n’est pas moins riche que la flore. Les antilopes, les gazelles, les singes, quelques rares léopards habitent dans les forêts. Les insectes, les papillons aux riches couleurs y sont en grand nombre ; les abeilles donnent un miel excellent et de la cire.

Le fer est un peu partout. C’est le seul métal exploité par les indigènes ; on a renoncé à chercher l’or, qui existe en abondance sur les bords du Ba-Fing et du Tené. Il existe du cuivre dans les environs de Donhol-Fella. Je n’ai pu découvrir la houille, bien que les forgerons de Socotoro m’aient parlé souvent d’une pierre notre qui brûle et qui existerait à un jour de marche de ce point. Quoi qu’il en soit, le mouvement d’exportation en cuirs, cire, ivoire, or, arachides, caoutchouc et café augmente chaque année, et le chiffre traité dans les factoreries comprises entre Sierra-Leone et la Casamance est considérable. C’est ce commerce des rivières du sud avec le Fouta-Djalon qui fait en partie l’augmentation du mouvement commercial que l’on constate à Corée.

Depuis quelques années, les caravanes du Haut-Niger sont moins nombreuses. Elles se forment aujourd’hui dans les provinces de Labé, Timbo, Koïn et Timbi et vont surtout au Rio-Nuñez, un certain nombre d’entre elles gagnent le Rio-Pongo, le Kaporo et la Mellacorée.