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des renforts, livrèrent une bataille désastreuse à Modi Djoué sur les bords du marigot de Mongo, affluent du Tinguino, et furent obligés de battre en retraite, poursuivis par les Houbbous, qui saccagèrent Timbo, Almamy Oumarou se retira dans le diwal de Koïn et Almamy Sory se réfugia au Labé.

Bademba, frère d’Almamy Sory, réunit plus de six cents guerriers du Labé et se dirigea sur Timbo, qui était resté sans défenseurs. Sa population se composait de femmes et d’enfans. Les Houbbous occupèrent tous les villages situés dans les environs de Donhol-Fella, où ils s’étaient retranchés.

Bademba envoya le chef de ses esclaves annoncer à Modi Djoué et à tous les Houbbous qu’il les considérait comme des captifs et que lui, Bademba, était leur maître. Une bataille sanglante eut lieu à Koumi ; deux mille quatre cents Houbbous (des Pouls, des Malinkés, des Dialonkés s’étaient réunis et avaient formé cette armée) luttèrent tout un jour contre les hommes de Bademba et furent obligés de battre honteusement en retraite. Après cette victoire, le chef poul écrivit aux deux almamys de revenir à Timbo, « que les Houbbous n’étaient pas à craindre. »

Ce ne fut que six mois après que Oumarou et Sory revinrent l’un de Koïn et l’autre de Labé, où ils avaient passé l’hivernage. Ils firent avec succès une expédition contre les Houbbous qu’ils battirent à Consogoya ; les femmes assistèrent à la bataille et ramenèrent des prisonniers. Modi Mamadou Djoué gagna avec ses partisans les hautes montagnes qui s’étendent entre le Ba-Fing et le Tinguisso et mourut quelque temps après. Son fils, Mamadou, que le Foula connaît sous le nom d’Abal (le sauvage), devint le chef des rebelles. Almamy Oumarou ne tarda pas à venir l’attaquer et le batlit complètement sur les bords du Kaba, affluent du Tinguisso.

La défaite des Houbbous semblait irrémédiable, quand les soldats de l’almamy l’abandonnèrent, lui reprochant de vouloir anéantir des gens de leur race et de n’agir que par ambition personnelle sans songer aux intérêts du Fouta-Djalon. Resté seul avec ses captifs, Almamy Oumarou eut à supporter une attaque d’Abal et, ne se trouvant plus en force, il se replia du côté de Socotoro, accompagné par son frère Alfa Ibrahima, l’almamy actuel.

Les Pouls avaient vu d’un mauvais œil la guerre contre les Houbbous, et les deux almamys en sortirent amoindris dans leur influence et leur prestige. Oumarou était trop fin politique pour ne pas essayer de reconquérir sa popularité et de refaire sa fortune entamée par les dépenses denses dernières expéditions. Il déclara qu’il voulait augmenter le territoire poul du côté du Comba (Rio-Grande) et combattre les populations fétichistes du N’Gabou. Il laissa Alfa Ibrahima comme gardien du pays et le fit reconnaître comme