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le bassin du Haut-Danube et y ajouter, en revanche, les grands versans du Cobi et du Tarim vers l’Océan-Pacifique.

Des considérations analogues nous porteraient probablement, si la constitution de l’Afrique centrale nous était mieux connue, à retrancher le bassin du Haut-Nil comme celui du Haut-Danube.

Ainsi modifié dans ses limites, ce double bassin ou, pour mieux dire, cette zone orographique que nous pourrions appeler centrale ou méditerranéenne par une extension logique de l’appellation actuelle, constituerait une division du globe nettement définie par les frontières naturelles du relief du sol, traversant l’ancien monde d’un sillon relativement profond qui, du détroit de Gibraltar, s’étendrait à la mer du Japon en une dépression unique, dominée de droite et de gauche par deux chaînes culminantes auxquelles se rattacheraient les hautes cimes de nos montagnes les plus célèbres.

Mais si, en même temps que les considérations de relief, nous faisons intervenir celles du climat, qui n’ont pas moins d’importance, nous ne tardons pas à reconnaître la nécessité de nouvelles adjonctions territoriales pour compléter cette première esquisse de délimitation naturelle. La zone orographique s’étend, en effet, tout entière sur la zone centrale des terres sèches, mais ne la comprend pas en totalité. Pour les identifier l’une et l’autre, il suffirait de rattacher à la première le sud du Sahara et probablement une partie du Soudan, en Afrique ; la presqu’île arabique, la vallée de l’Euphrate et les rivages de la mer d’Oman jusqu’à l’Indus, en Asie ; en un mot, toutes les régions où existent des lacs intérieurs ou bassins sans issue. Cette extension est d’autant plus naturelle que ces dernières régions ne sont, en général, séparées du bassin méditerranéen que par des faîtes orographiques de peu d’importance. Le Caucase seul fait exception. Détaché avec ses annexes de la chaîne dorsale asiatique, il constitue en fait une sorte d’île montagneuse formant une puissante saillie au centre de la zone des grandes sécheresses, sans pouvoir notablement modifier les conditions générales du climat, qui se retrouvent à peu près les mêmes sur les deux versans opposés. Les limites de la zone climatologique ne cessent pas d’ailleurs d’être naturelles en substituant sur une partie de leur parcours la frontière maritime à la frontière orographique.

En résumé, nous arrivons à reconnaître que les terres de l’ancien monde, toutes comprises, sauf une petite partie de l’Afrique, dans l’hémisphère boréal, se divisent en trois zones distinctes : une zone centrale d’excessive sécheresse, où l’évaporation dépasse beaucoup la chute d’eau pluviale, et deux zones humides : l’une polaire, l’autre boréale, dans lesquelles ces deux facteurs du climat compensent à peu près leur action.

L’aspect géologique des zones extrêmes est surtout caractérisé par