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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre.

Les chambres françaises, réunies il y a trois semaines pour cette courte session extraordinaire qui finira avec l’année, n’ont sûrement pas fait encore un grand travail. La chambre des députés a discuté et discute tous les jours, ministère par ministère, chapitre par chapitre, non sans une certaine confusion, un budget dont l’économie générale devient de plus en plus une sorte d’énigme. Le sénat attend patiemment que l’autre chambre ait achevé de discuter pour se mettre lui-même à l’œuvre, pour se livrer à cette tâche ingrate de revoir des affaires financières qui lui arrivent toujours tardivement, qu’il est obligé d’examiner et d’expédier au pas de course. Dans les deux assemblées, au palais Bourbon comme au Luxembourg, les partis impuissans ou troublés hésitent à engager des luttes décisives, à se jeter dans des crises nouvelles dont ils n’entrevoient pas l’issue. Jusqu’ici, en dépit des turbulences et des excentricités de quelques tapageurs obstinés, cette session est donc et semble devoir rester assez peu significative ; elle ne prend pas une tournure à embarrasser ou à menacer immédiatement le ministère. C’est déjà un avantage sans doute de pouvoir espérer être pour quelques semaines encore à l’abri des coups de vent qui risqueraient de tout ébranler. On ne peut cependant s’y tromper : ce n’est là qu’une apparence, une sorte de répit de circonstance. À travers tout, les questions subsistent, les dangers n’ont pas disparu, les difficultés sont tout au plus ajournées. Rien n’est changé dans une situation qui reste en fin de compte avec