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origine de toutes les productions charbonneuses. Ces différences donnent d’ailleurs lieu à d’innombrables variétés qui conduisent par degrés d’un type vers un autre en empêchant d’établir une distinction tranchée entre les houilles les plus homogènes en apparence et celles qui présentent des traces multiples et manifestes d’élémens organisés à peine altérés.

En résumé et pour définir d’un mot le phénomène, M. Grand’Eury, après avoir admis un aménagement préalable des élémens charbonneux, état antérieur à leur submersion et à leur stratification, considère les écorces, les feuilles et les organes de toute nature encore revêtus de leur forme comme ayant suivi le même procédé de dépôt dans la houille normale que dans les schistes. Dans l’un et l’autre cas, les restes ont laissé leur empreinte sur la pâte molle du sédiment qui les enveloppait, la seule distinction appréciable résulte de la nature de ce sédiment marno-sableux ou argileux, d’une part, constitué, de l’autre, par une vase détritique purement végétale. En dehors de cette unique différence, le procédé est respectivement le même et les résultats ont été sensiblement pareils. Mais l’originalité du point de vue de M. Grand’Eury a consisté justement à établir cette similitude. Le premier il a déterminé les traces appréciables de cet état antérieur et préalable des résidus de toute nature désagrégés et macérés en partie ou même entièrement délayés sur le sol humide, et fournissant les matériaux de la sédimentation charbonneuse aux eaux qui venaient périodiquement s’en emparer.

Les tableaux tracés par M. Grand’Eury nous introduisent à l’ombre des forêts carbonifères, au plus épais des régions humides de cet âge, au pied des ondulations faiblement accusées où s’amoncelaient dans des mares dormantes ces immensités de résidus de toute provenance qu’engendrait une végétation toujours active, à la fois exubérante et promptement épuisée. Si de pareils amas s’observent de nos jours dans les pays chauds, au sein des forêts vierges, que devait-il en être dans ces époques premières où rien dans la structure des plantes n’était fait pour consolider les tiges par l’accroissement régulier du bois ! C’était de toutes parts des jets effrayans, des productions improvisées, des poussées subites élevant des colonnes vertes dont le rôle était aussi éphémère que la fermeté peu assurée. La plupart des tiges carbonifères, creuses ou gonflées de moelle à l’intérieur, succombaient par l’exagération même de leur croissance ; les fougères se couronnaient de frondes invraisemblables par leur dimension ; les tiges des sigillaires se dépouillaient rapidement de leurs feuilles et tous ces débris s’accumulaient sans trêve dans une ombre étouffée, sur