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Encore enracinés dans l’ancien sol, ayant leur tronc verticalement érigé, coupés à la hauteur de l’assise qu’ils traversent, ces végétaux ont été visiblement ensevelis graduellement dans le sédiment déposé autour d’eux par l’eau qui les avait partiellement submergés. Leur persistance sur les lieux où on les observe atteste deux points essentiels : d’abord, que les assises ou lits encaissans durent se former dans un temps relativement court proportionné à la durée rapide que l’examen de leur structure extérieure oblige d’assigner à la plupart d’entre eux ; ensuite, que les eaux, au fond desquelles les sables s’accumulaient, n’étaient pas permanentes, mais provenaient plutôt de crues temporaires, envahissant l’espace occupé par la forêt et se retirant ensuite pour un temps plus ou moins long. Il ne faut pas oublier ici que plusieurs types de végétaux houillers avaient des tiges aériennes et verticales émises pour une durée limitée et provenant de stolons souterrains plongés dans la vase, n’ayant rien à redouter par conséquent de ces apports successifs de sédiment. Les calamités, les sigillaires, sans doute aussi les lépidodendrées, étaient de ce nombre ; mais la plupart des autres avaient encore la faculté de produire à différentes hauteurs des racines adventives sorties de leur tronc. Ces derniers végétaux se trouvaient donc parfaitement prémunis contre les éventualités du dépôt qui tendait à l’enfouissement graduel de leurs tiges par la base, tandis qu’elles Continuaient à s’allonger supérieurement. Leur appareil radiculaire renouvelé suivait le mouvement ascensionnel de l’atterrissement et se déplaçait avec lui. M. Grand’Eury a figuré un grand nombre d’exemples de ces émissions de racines opérées à des hauteurs successives du sol carbonifère. Les parties inférieures achevaient de se détruire, tandis que la plante, toujours en place, se soutenait à l’aide du développement d’organes plus récens et plus élevés.

Les associations végétales, ainsi observées, ne représentent (selon l’expression de M. Grand’Eury) que l’extension clairsemée des forêts carbonifères. Souvent réduites, comme dans les terrains houillers du Nord à de Tares individus isolés, elles ne constituent que des exceptions, plus fréquentes à Saint-Étienne que partout ailleurs. L’inondation qui, sur son passage, abattait les masses forestières et charriait ensuite les débris en les accumulant sur des points déterminés, a pu épargner, grâce à des circonstances trop lointaines pour être précisées, les colonies isolées, les pieds épars, situés à l’abri des remous et du passage des eaux trop profondes. De Là viennent ces groupes peu nombreux qui nous traduisent, après tant de milliers d’années, le tableau fidèle d’une végétation aussi étrangère à la nôtre que les monumens de Ninive comparés aux œuvres des peuples modernes. Parmi les types associés les mieux reconnaissables