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qui résulta de la publication de son Mémoire sur la flore carbonifère du département de la Loire fut trop marqué pour ne pas être mentionné ici.

Il existe un groupe de plantes sur lequel s’est exercée la sagacité de la plupart des savans dont les travaux ont eu pour objet la flore carbonifère. Brongniart, le premier, après lui Geinitz, Gœppert et d’autres en Allemagne, Williamson en Angleterre, Lesquereux en Amérique, se sont occupés des sigillaires, type végétal sans rapport avec aucun de ceux qui existent actuellement. Par une sorte de mauvaise chance, les épis fructificateurs de ces plantes, connus à l’état d’empreinte, n’ont pas encore livré le secret de leur organisation intérieure ; au contraire, la structure anatomique de leurs tiges a été analysée et décrite. Non-seulement Brongniart, dans un mémoire demeuré célèbre, mais Williamson et, en France, M. B. Renault, l’ont étudiée avec autant de soins que s’il s’agissait d’une tige vivante. En effet, il suffit qu’un tronçon de l’ancien bois ait été converti en silice, agatisé si l’on veut, pour que, réduit en coupes minces, il laisse voir clairement les moindres détails de sa texture intérieure. Eh bien ! les tiges de sigillaires, ainsi examinées, ont montré un plan et des caractères dont l’ambiguïté a frappé les divers auteurs. M. Williamson y voit une cryptogame qu’il rejoint aux lépidodendrées, par conséquent aux lycopodes. M. Renault, sur les traces de Brongniart, a constaté au contraire, dans la distribution des zones de tissus et la nature des faisceaux libro-vasculaires, des affinités qui l’engagent à reporter les sigillaires auprès des phanérogames gymnospermes, et à les rapprocher des cycadées en particulier.

Mais ce qui ressort avec le plus d’évidence des études de M. B. Renault, conformes à celles de M. Grand’Eury et concordant aussi avec la manière de voir de M. Lesquereux, c’est la reconstitution intégrale de ce type des sigillaires que l’on reconnaît unanimement avoir joué le principal rôle sur les points eux-mêmes où les dépôts de houille s’effectuèrent. Seules, en effet, de tant de végétaux, les sigillaires paraissent, dans plusieurs cas, avoir vécu sur place. Leur souche submergée, formée de rhizomes rampans, couchés au fond de la vase sous-lacustre, pourvue tantôt de feuilles souterraines, tantôt de radicules, les unes et les autres molles, charnues et fusiformes, étalées de toutes parts, répondait aux « stigmariées » qui peuplent certains lits de houille et paraissent avoir largement contribué à leur dépôt. Les stigmariées auraient eu la faculté singulière de persister longtemps dans le même état, c’est-à dire de s’étendre horizontalement sous les eaux et dans la vase, se multipliant par stolons, mais incapables, dans ce premier état, de produire aucun appareil sexué. Au contraire, lorsque des circonstances favorables, et que