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LA
FORMATION DE LA HOUILLE

Mémoire sur la formation de la houille, par M. L. Grand’Eury, extrait des Annales des mines. Paris, 1882.

On a dit que, de nos jours, la houille était la souveraine. Par elle marche la vapeur, s’allume le gaz ; par elle s’alimentent les usines, le métal s’épure et se transforme ; une foule de produits secondaires, l’asphalte, le pétrole, les substances colorantes les plus riches se tirent de la houille. Toute l’industrie moderne vit par elle, et la puissance des nations se mesure à la quantité de houille que recèle leur sol. Pourtant cet empire est nouveau ; ce n’est que récemment qu’on s’est avisé de faire de cet élément l’assise d’une civilisation, la plus active, la plus féconde en inventions matérielles de celles qui ont jamais éclos sous le soleil, depuis les jours de l’antique Orient. Cette portée immense du combustible minéral s’atténue pourtant avec rapidité et disparaît même aussitôt qu’on quitte notre siècle pour interroger ses devanciers. Il en est à peine question chez les anciens, et l’on feuilletterait tout Pline avant de saisir dans son livre autre chose que de vagues notions d’une pierre nommée « anthracite, » à laquelle l’auteur attribue des propriétés imaginaires.

Les mines de houille ou de charbon de terre ont été d’abord et longtemps exploitées sur une petite échelle en vue de la satisfaction des besoins locaux, pour les forges, les fours à chaux et les usages domestiques. Longtemps aussi la grande industrie les dédaigna ou