Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
DERNIER BAISER[1]

À M. H. DE CONFÉVRON.


Puisque chacun, madame, a narré son histoire,
Dit Tristan, à mon tour ! .. Au fond de ma mémoire
J’en garde une, et tandis qu’on prépare le thé,
Je vais vous la conter dans sa simplicité.
Le souvenir m’en est doux comme un tête-à-tête
Avec un vieil ami qu’on retrouve et qu’on fête.
Elle bat un rappel de jeunesse en mon cœur,
Comme on dit qu’un bon vin rappelle son buveur…
 
C’était pendant les jours gris d’une fin d’octobre,
Et je touchais à l’âge où l’homme devient sobre
Forcément, n’ayant plus pour suivre le plaisir
Que le souffle trop court d’un impuissant désir.

  1. Ces vers font partie d’un recueil qui paraîtra prochainement chez Alph. Lemerre édition et qui aura pour titre le Livre de la Payse.