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des courbes de niveau, se rapprochent d’autant plus que cette pente est plus prononcée. La forme et la disposition de ces courbes peut donc faire reconnaître l’existence d’une perturbation, et sa marche à travers l’Europe se devine d’après ses premiers pas. Quand la bourrasque est sur nous, en un même point, le vent tourne assez vite et, sous nos climats, le plus souvent avec le soleil (de l’est au sud), comme le veut la loi de Dove. Cette loi n’est, au fond, qu’une conséquence particulière de la loi des tempêtes : la rotation de la girouette correspond au passage d’un tourbillon dont la trajectoire passe au nord de la station considérée.

Aux indications des isobares il faut joindre celles que fournit la marche du thermomètre ; d’autres pronostics se tirent de l’état du ciel. Ces fins nuages, formés d’aiguille de glace, qu’on nomme des cirrhus et qui flottent en longues bandes à des hauteurs prodigieuses, sont les premiers avant-coureurs du mauvais temps ; puis apparaissent des nuages plus épais, plus lourds et plus foncés, dont les aspects variés et caractéristiques sont des symptômes qu’il ne faut point négliger.

En somme, nous dit M. Mascart dans une conférence recueillie par M. Th. Moureaux, d’après les vérifications que le Bureau central demande régulièrement à ses correspondans les plus autorisés, les avertissemens maritimes, portant principalement sur la probabilité de la direction et de la force du vent, réussissent 83 fois sur 100 ; les avertissemens agricoles, qui concernent les probabilités de pluie, de beau temps, etc. se confirment seulement 78 fois sur 100. Mais la valeur de ces résultats, déjà considérables, s’accroît chaque année, et les services rendus ne peuvent être contestés.

Malgré les conditions, à beaucoup d’égards défavorables, où se trouve encore placé le Meteorological Office de Londres, le succès des avertissemens qu’il expédie aux ports du Royaume-Uni est également satisfaisant, comme le prouve le résumé des résultats de l’année 187à présenté au parlement anglais. Sur un nombre total de 317 avis expédiés en 1874, 144 (soit 45 pour 100) ont été justifiés par des coups de vents forts ou des tempêtes, 104 (33 pour 100) par des coups de vents modérés ; 52 (16 pour 100) n’ont pas été justifiés, et dans 17 cas seulement (5 fois sur 100) l’avis a été reçu trop tard. Ce qui reste à faire se trouve nettement indiqué dans l’intéressant petit livre qu’a publié récemment le secrétaire du Bureau météorologique et qui a été traduit en français par MM. Zurcher et Margollé. M. Scott se plaint de l’absence de stations convenablement distribuées sur les côtes ouest de l’Irlande et de l’Ecosse, régions d’où il importerait d’avoir de bonne heure l’annonce des changemens de temps. Mais, d’une part, les communications télégraphiques sont peu développées dans ces régions presque désertes,