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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La première quinzaine du mois d'octobre n'a pas tenu ce que le monde financier se complaisait à en attendre, c'est-à-dire une recrudescence d'activité dans les transactions, le retour des capitaux à la Bourse, l'inauguration d'un grand mouvement d'affaires. Les circonstances semblaient favorables, le rapide succès des Anglais en Égypte ayant étouffé en germe toutes les complications orientales que pouvait faire surgir l'agitation du monde musulman. La haute banque et les grands établissemens de crédit de Paris ne profiteraient-ils pas de cette accalmie pour galvaniser notre marché, pour secouer cette torpeur qui l'a envahi et le tient engourdi depuis la crise de janvier? Ne faudrait-il pas préparer les bilans et inventaires de fin d'année, et n'essaierait-on pas de gagner dans le dernier trimestre le dividende que réclameraient au printemps prochain les actionnaires et à la formation duquel les trois premiers trimestres de 1882 n'auront contribué que pour une si faible part ?

On a cru pendant quelques jours que le mouvement attendu allait se produire et que le signal en serait donné par une poussée générale des valeurs orientales vers de plus hauts cours, poussée que justifieraient l'éclosion prochaine de combinaisons importantes pour la régénération des finances turques et une grosse émission de la Banque ottomane. Mais tandis que la spéculation se jetait avec ardeur sur ce groupe de valeurs avec la pensée que les établissemens financiers avaient eux-mêmes décidé de trouver là les élémens d'importans bénéfices, elle délaissait à peu près complètement nos fonds publics et presque tous les titres dont les négociations s'effectuent spécialement au parquet, comme ceux de la plupart de nos institutions de crédit et des compagnies de chemins de fer françaises ou étrangères. C'est à peine si les cours des rentes ont oscillé de quelques centimes depuis la fixation des cours de compensation, et ces oscillations pendant la plus grande partie de la quinzaine avaient fini par produire une certaine réaction en ramenant le 5 pour 100 aux environs de 116 francs. Ce n'est que dans les derniers jours qu'une reprise a eu lieu ; la rente restait avant-hier à 116.45, et hier à 116.60. Ce dernier cours annonce-t-il une intention des acheteurs de tenter une pointe vers le cours de 117 francs ? il y a de grandes probabilités pour qu'il en soit ainsi, car la principale cause des hésitations qui ont enrayé toute progression de nos fonds publics a été la crainte d'une