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LES
MARINES DE GUERRE

II.[1]
LES INSTRUMENS DE COMBAT.

Prévoir, comme une précédente étude l’a tenté, les opérations dont les mers peuvent devenir le théâtre, c’est proposer aux nations maritimes un but. Un but suppose des moyens et, quand il est la guerre, des armes. Quelles seront les armes des luttes navales ?

Toute nouveauté, qu’elle soit vraiment nouvelle ou qu’elle renaisse d’un assez long oubli pour paraître telle, éveille notre passion avant notre jugement ; et l’injustice tantôt des dédains, tantôt des enthousiasmes qu’elle soulève, impose d’abord silence à la vérité. On ne saurait expliquer autrement la confiance subite et contradictoire qui, dans les dernières années, a tour à tour attribué une prépondérance décisive à la torpille et à l’éperon. Sans doute le choc de l’un et de l’autre est destructeur ; de même, dans la guerre terrestre, « la balle est folle, la baïonnette est sage, » et une mine éclatant sous un ouvrage y ouvre mieux une brèche que le canon. Mais le combat corps à corps, dernier acte dans les tragédies de la force, n’est pas possible dans toutes les actions, et dans aucune

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.