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Byron, tu n’as pas craint, jeune dieu sans cuirasse,
D’attaquer corps à corps les défauts de ta race...


Un touriste ordinaire s’informerait des motifs réels de cette absence : Barbier part de là pour se monter la tête; il opte ab irato pour l’exclusion, thème plus commode aux belles tirades, et dédaigne toute cette fameuse procédure si longtemps débattue au parlement et dans le Times. Si Byron est absent de Westminster, la faute en revient à sa propre famille et nullement à son pays. Un vote des deux chambres, poursuivi d’abord par lord Brougham et finalement obtenu par Disraeli, disposait qu’un monument serait élevé à lord Byron dans l’illustre abbaye, lorsqu’au moment de la translation des restes du grand poète, les derniers survivans de sa famille firent mine de s’abstenir et qu’une polémique s’établit dans les journaux, nombre de lettres déclarant de tous côtés que Byron avait trop profondément haï l’Angleterre pour ne pas renier d’avance toute espèce d’honneurs décernés par elle. Cela se passait en 1875, et je me souviens d’un très beau discours que Disraeli prononça dans un banquet à cette occasion. Il y soutenait cette thèse que, dans tout l’œuvre de Byron ne se trouvait aucune preuve de cette prétendue haine, bien qu’à vrai dire, ajoutait-il, on n’y trouvât aucune preuve du contraire. J’assistais à cette séance, et rentré chez moi j’écrivis à l’homme d’état en lui rappelant ces vers du IVe chant de Childe Harold: «Non, quand pour me choisir au loin un autre asile, je t’ai laissée, ô terre de sagesse et de liberté, tu ne m’en étais pas moins chère ; et s’il arrive qu’un jour mes restes reposent en un sol qui n’est pas le mien, mon âme, en tant qu’il nous soit permis d’élire notre sanctuaire immatériel, mon âme assurément te reviendra. » Cette apostrophe où Byron semble avoir prévu le cas et s’en expliquer, était-elle donc sortie de toutes les mémoires, que Disraëli lui-même n’y avait pas songé? Sa réponse fut, comme toujours, empressée et courtoise : « Vous avez raison, disait-il, j’avais oublié; et malgré mon culte pour Byron, vous êtes meilleur byronien que moi. Hélas! la politique m’a trop absorbé; j’ai trop pensé aux élections et trop peu à Childe Harold. Merci de m’y avoir rappelé! »


III.

Un volume qui certainement répond à son titre est celui des Études dramatiques. Il s’ouvre par la traduction du Jules César de Shakspeare, une Étude au vrai sens du mot. Ce que l’auteur a voulu