de rentes à découvert aient été inspirées par une appréciation morose sur l’état de nos finances.
On a craint avec plus de raison le renchérissement de l’argent et L’élévation progressive du taux de l’escompte. Déjà les taux de report ont paru plus élevés à la liquidation du 15 sur les valeurs. À Londres, où la liquidation mensuelle vient de s’effectuer, la spéculation a dû payer 6 et 7 pour 100 pour se faire reporter. Tandis que, le 1er septembre, les acheteurs de 5 pour 100 n’ont eu à payer que 14 à 15 centimes, il est déjà question de 23 à 25. Il est vrai que, dans l’intervalle, la Banque d’Angleterre a porté le taux de son escompte à 5 pour 100 et que les banques d’Amsterdam et de Berlin ont suivi l’exemple. Mais il ne pouvait surgir un sérieux danger d’embarras monétaires que si la Banque de France procédait à son tour à une mesure analogue. Or le taux d’escompte de cet établissement est resté immobile, et rien n’annonce que cette situation doive se modifier dans un délai rapproché. Depuis quinze jours, l’écart de 1 1/2 pour 100 entre le taux de Londres et celui de Paris n’a fait perdre qu’une dizaine de millions en or à la Banque de France sur le milliard qu’elle détenait dans ses caisses. Le montant de sa circulation ne s’est accru que dans de minimes proportions, et si le portefeuille, dans le bilan d’hier, accuse une augmentation de 70 millions, il ne s’agit là que d’un gonflement passager qui se produit à la fin de chaque mois et dont il ne reste pas de traces au bilan suivant.
La Banque de France ne pourrait donc être amenée à élever le taux de l’escompte que si la Banque d’Angleterre se voyait contrainte, par suite d’assauts redoutables portés à sa réserve, de recourir à un taux de 6 ou même de 7 pour 100, ce qui pour l’instant ne paraît nullement probable.
Malgré les préoccupations, peu vives au surplus, que cause l’état du marché monétaire, le parti de la hausse aurait peut-être eu gain de cause pendant la dernière semaine du mois, si une baisse importante des valeurs de la compagnie de Suez n’avait étouffé toute velléité de progression, en causant au marché une véritable surprise. On assure que plusieurs milliers d’actions ont été vendues dans l’espace d’une seule bourse sans que l’on pût décider si cette vente n’avait d’autre objet que de forcer l’abandon de nombreuses primes ou si elle devait avoir pour épilogue une livraison de titres. La vente a été d’ailleurs expliquée par un article du Times menaçant la compagnie actuelle de la concurrence d’un second canal que les Anglais creuseraient parallèlement au premier et par lequel passeraient tous les bâtimens de nationalité britannique. Les porteurs de titres ont surtout vu derrière cette menace l’éventualité de négociations pouvant aboutir à une réduction des tarifs actuels et, par conséquent, à une diminution des recettes. D’ailleurs, les actions de Suez ont toujours été cotées à des