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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.


Les crises qui ont signalé les derniers jours de la session française, qui ont paru pour l’instant dénouées par l’avènement laborieux d’un nouveau ministère et qui ne sont que palliées ou suspendues par les vacances, ces crises ont eu du moins un avantage : elles ont mis à nu une situation sur laquelle on gardait encore des illusions et elles ont fait apparaître un problème qui n’est sans doute pas près d’être résolu, qui ne peut plus cependant être éludé.

Cette situation qui s’est brusquement dévoilée et qui se caractérise par une confusion universelle, par de véritables impossibilités de gouvernement, elle n’a certes rien d’inattendu et de nouveau. Elle n’a pu être une surprise, une désagréable surprise que pour ceux qui s’obstinent à ne rien voir, à ne rien comprendre, qui se sont figuré que, le jour où ils arrivaient à la domination, ils pouvaient impunément tout ce qu’ils voulaient, que tout devait se plier à leurs passions, à leurs calculs et à leurs fantaisies. Elle est le résultat logique et irrésistible des infatuations, des fautes, des excès d’une politique qui, depuis quelques années, a abusé de tout, qui a vécu de concessions aux idées les plus désorganisatrices, qui a livré par degrés les conditions les plus nécessaires de gouvernement, qui a mis la confusion et la mobilité dans la vie publique pour finir par la division de toutes les forces, par une sorte de halte des partis victorieux dans l’impuissance. Voilà le fait qui a été mis à nu tout à coup par les dernières crises : c’est une faillite de politique intérieure ou un commencement de faillite qui, par une complication de plus, a éclaté justement à une heure où les plus sérieuses affaires extérieures s'agitaient en Europe, où la