flue qui n’a pas empêché les adversaires du monopole de voter contre le projet du gouvernement, non sans demander comment un bénéfice net de 163 millions sur la vente du tabac peut être conciliable avec le maintien des prix actuels sans aucune augmentation.
Quoique prévu, l’échec du chancelier dans le rejet du monopole du tabac a dépassé toute attente. Même les adversaires ont entendu avec surprise une majorité de deux cent soixante dix-sept voix sur trois cents vingt votans se prononcer contre le projet. Est-ce à dire que ce vote du Reichstag doive être considéré comme un verdict définitif, soit contre le programme de réforme fiscale dans son ensemble, soit seulement contre l’introduction du monopole ? Quiconque est au courant des dispositions individuelles et suit la tactique des partis au sein du parlement mettra beaucoup de réserve dans sa réponse à cette question. Ni le monopole du tabac, ni la réforme fiscale ne se trouvent définitivement écartés par le voie du Reichstag à la séance du 14 juin 1882. Déjà la déclaration du prince de Bismarck que les propositions aujourd’hui rejetées seront présentées à nouveau dans le cours des sessions ultérieures nous apprend que. ces projets ne sont pas abandonnés. Nombre de députés qui ont voté contre le monopole, afin de ne pas paraître en désaccord avec les décisions de leur fraction, sont favorables à cette mesure. Les fractions de leur côté se montreront plus traitables du jour où elles seront assurées d’obtenir en retour de leur concours les garanties qu’elles réclament ou les concessions qu’elles sollicitent : aux progressistes et aux libéraux le développement des franchises constitutionnelles ; aux catholiques particularistes le maintien du principe fédératif et la liberté religieuse; à tous les groupes d’opposition, depuis le centre jusqu’aux démocrates, une plus stricte économie du budget de l’état. Ce qui prédomine actuellement dans les sentimens des différens groupes parlementaires, c’est une défiance prononcée à l’égard des dispositions du chancefier de l’Empire, lequel ne trouve plus d’aucun côté une majorité sûre, après avoir compromis sa politique en se servant tour à tour de chacun contre tous les autres. Tant d’intérêts divers sont en conflit, qu’au lieu de concourir à un but commun, chaque groupe, chaque parti en est venu à penser que le résultat final de cette immense agitation lui amènera en définitive plus d’inconvéniens que de profit.
Représentant le principe fédératif, la fraction du centre, actuellement la plus forte par le nombre, réunit au Reichsiag les élémens pariicularisles, composés des députés catholiques des différens pas de l’Empire, et les guelfes protestans légitimistes du Hanovre. Lorsqu’une commission fut chargée, il y a trois ans, de l’examen du projet de loi sur l’impôt du tabac, les députés particularisles décla-