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dérés ne peuvent manquer plus longtemps au devoir de créer des ressources pour l’allégement des communes, accablées par les charges obligatoires pour le service des écoles, de la police, de l’assistance publique, de l’état civil. Des lois de l’état imposent aux communes ces diverses obligations très onéreuses, remplies au lieu et place du gouvernement. Favoriser la culture intellectuelle, pourvoir à l’instruction de la jeunesse, assurer l’entretien des invalides, veiller à l’application des lois, fixer l’état des personnes, tous ces services, toutes ces fonctions touchent aux intérêts les plus élevés de la société, et l’état ne peut se dispenser de venir en aide aux communes par d’équitables subventions. En ce qui concerne les dotations aux caisses de secours ou de retraite à instituer en faveur des ouvriers invalides, elles visent sinon la suppression, du moins le soulagement de toutes les misères imméritées, non sans chercher à mettre sous la dépendance du gouvernement la masse des gens, qui, un jour ou l’autre, auront besoin de ses secours. Nous voguons ainsi en pleines eaux du socialisme d’état, de l’état omnipotent et absolutiste, qui dispose avec la force armée de l’éducation nationale, qui sollicite la bourse des contribuables pour devenir le nourricier commun, aspirant à être tout à la fois le principe et le foyer dont émanent et où convergent toutes les forces vives de la nation. Loin de se trouver atteint par le reproche de tendances socialistes, le chancelier de l’Empire revendique le socialisme pratique à sa façon comme un titre à la reconnaissance publique. Il s’attribue à lui seul la responsabilité pleine et entière du mémoire pour la justificafion des réformes financières. Si le Reichstag a été saisi de ce mémoire, dit-il dans un discours du 28 mars 1881 sur les nouveaux impôts du timbre et de la bière, c’est afin d’apprendre a tout le pays où le gouvernement veut en venir avec ses mesures. Tout particulièrement les électeurs doivent être instruits de ses intentions à la veille des élections pour le renouvellement du Reichstag. Ce qui ressort le plus clairement de l’attitude du chancelier, c’est que son programme financier devait avant tout servir de manifeste électoral et de moyen d’agitation, destiné à rallier au gouvernement et à ses projets de plus nombreux adhérens. Sous ce rapport, l’événement n’a pas répondu à l’attente officielle. Les nouveaux élus ont rejeté le monopole du tabac, de même que leurs prédécesseurs se sont prononcés contre l’augmentation de l’impôt sur la bière.

Quoi qu’il en soit de ces dispositions, le programme de réforme fiscale n’en reste pas moins à l’ordre du jour. A la place des propositions qui sont écartées surgissent des propositions nouvelles. L’ensemble comporte des modifications de détail que son promoteur abandonne au gré du Bundesrath et du Reichstag. Dût le pro-