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de l’Unifiée qui a été cotée hier 322. Depuis quelques jours, on a fait monter la Délégation de Suez de 1,225 à 1,340 francs. Il y a peu de titres flottans, et la hausse s’est faite sans résistance.

Le Crédit foncier a monté de 1,505 à 1,530 francs, malgré la gravité du désaccord qui a surgi entre l’administration de cette société et celle de la Banque hypothécaire, sur le montant de la soulte que les actionnaires de ce dernier établissement ont à payer, pour obtenir l’échange de quatre de leurs actions contre une entièrement libérée du Crédit foncier.

Le traité de fusion stipulait que jusqu’au décret d’homologation, les deux sociétés continueraient à fonctionner séparément, conformément à leurs statuts respectifs. Le conseil d’administration de la Banque hypothécaire, voulant réduire la soulte à payer au chiffre le plus bas possible, aurait mis à profit le délai pendant lequel sa liberté d’action lui avait été réservée, pour racheter un certain nombre de ses obligations à un prix tel que la différence avec le prix d’émission fait ressortir un important bénéfice. Le Crédit foncier conteste la légalité de cette opération. Le résultat est que la Banque hypothécaire soutient que ses actionnaires ont à payer sur chacune de leurs actions une soulte de 85 francs, tandis que le Crédit foncier réclame 105 francs par titre, plus 11 francs éventuellement pour droits d’enregistrement.

Quelque considérable que soit le montant de la somme en litige, puisqu’il dépasse 4 millions, le public se refuse à croire que les deux sociétés ne puissent arriver à une entente, maintenant que le traité est signé, que les assemblées générales ont donné leur assentiment et que l’approbation du conseil d’état a été obtenue.

L’espérance d’une reprise sérieuse d’affaires en automne a provoqué une certaine activité sur le marché des titres des établissemens de crédit, si délaissés depuis le mois de janvier dernier.

La Banque de Paris n’a pas perdu un instant la faveur du public, et ses actions, qui se négocient entre 1,130 et 1,140 francs, conservent une prime de plus de 100 pour 100. Il en est de même du Comptoir d’escompte, que les capitaux de placement ont continué à rechercher au-dessus de 1,000 francs.

L’amélioration est surtout sensible en ce qui concerne les institutions les plus éprouvées par la crise. La Banque d’escompte, qui n’est pas encore sortie de sa grande opération de l’emprunt italien, profite cependant de la bonne tenue de ce fonds d’état ; de 560 elle s’est élevée à 585. La Société générale a passé de 635 à 655; on suppose que son portefeuille a dû gagner beaucoup à la reprise qui vient de porter en un mois les actions de Rio-Tinto de 610 à 670. Le Crédit lyonnais, dont la situation n’est assurément pas compromise malgré les charges énormes que lui imposent ses goûts immodérés de construction