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nées soigner sa santé et réfléchir sur un nouveau projet de réorganisation ou de désorganisation judiciaire. M. le ministre de l’intérieur tient à visiter son pays natal de Nérac, — et à son retour on lui donnera le service des cultes, qui n’a guère été déplacé que deux ou trois fois depuis un an. M. le ministre de l’instruction publique fait des excursions et des circulaires sur l’application de la nouvelle loi d’enseignement primaire. M. le ministre de la guerre est allé assister aux exercices de cavalerie présidés par M. le général de Galliffet et il se dispose à aller suivre les manœuvres des corps d’armée du Midi. M. le ministre de l’agriculture est partout, il y a quelques jours en Provence, hier encore en Périgord, plein de bonne volunté, prodiguant les amabilités et les promesses aux cultivateurs. Notre cabinet, qui ne date guère que d’un mois, a pu à peine se trouver réuni tout entier jusqu’ici ; il voyage pour se distraire ou pour s’instruire, pour se reposer de ce qu’il n’a pas fait ou pour se préparer à ce qu’il n’aura peut-être pas le temps de faire. La dispersion est complète, aussi paisible que complète, et c’est tout au plus si cet interrègne de la saison est troublé par quelques manifestations de partis, par les divagations des congrès socialistes, par les tumultueuses querelles des « collectivistes » et des « anarchistes, » qui se déchirent dans leurs réunions, par tout ce brouhaha de démagogie qui ne répond visiblement à rien, qui ressemble à une vaine et bruyante excentricité dans le calme universel du moment.

Après cela, parce que tout est à la paix dans ce douteux automne, et parce que la paix permet à M. le président de la république comme à ses ministres d’alier en villégiature ou en voyage, toutes les questions qui ont été imprudemment soulevées, qui n’ont rien de rassurant pour le pays, ne sont certes pas supprimées ; elles ne sont tout au plus qu’assoupies ou ajournées. La situation, telle qu’elle est apparue aux derniers jours de la session avec ses incohérences, n’a pas cessé d’être ce qu’elle était ; elle n’est que momentanément adoucie et pour ainsi dire voilée de cette apparente tranquillité de la saison. Tout reste dans une assez énigmatique indécision, et, s’il faut l’avouer, ce n’est pas une conversation familière de M. le président du conseil qui semble destinée à dissiper les confusions, à éclairer toutes les obscurités du moment présent. Cette conversation, qui a été une sorte d’incident, a son intérêt sans doute. M. le président du conseil s’est plu à répondre à un certain nombre de questions qui lui ont été adressées par le correspondant d’un grand journal étranger au sujet de sa politique, de ses intentions, de ses projets, et naturellement ce qu’il a dit a été aussitôt divulgué : c’était tout simple, questions et réponses étaient faites pour le public. En est-on beaucoup plus avancé ? Assurément M. Duclerc est un esprit éclairé et expérimenté, qui a été mêlé aux affaires du temps et qui les connaît ; il a de plus l’avantage de ne s’être point