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pour 100 d’impôts de l’état que supporte la propriété foncière comparativement avec les valeurs mobilières qui ne paient, de leur côté, que 3 pour 100 d’impôt sur le revenu. Ajoutez-vous, de part et d’autre, les contributions additionnelles pour les communes, les cercles, les provinces, vous m’accorderez que 100 centièmes additionnels sur le principal de l’impôt répondent à des situations relativement favorables, et que, dans les provices agricoles, ces contributions additionnelles reposent surtout sur l’agriculture. De la sorte, vous arriverez pour l’agriculture indigène à une imposition de la production du blé qui atteint de 20 à 30 pour 100 et plus, en regard de laquelle l’importation des blés étrangers se fait franche de droits. » Les argumens employés lors de la réforme douanière, pour motiver l’établissement de droits d’entrée sur les blés étrangers, sont renouvelés aujourd’hui pour le dégrèvement des impôts directs en faveur de l’agriculture.

Tandis que la contribution des classes disparaîtrait complètement par suite de l’établissement de nouveaux impôts indirects, l’état abandonnerait le produit de la contribution foncière et de la contribution sur les bâtimens aux communes, aux cercles et aux provinces, ce qui aurait pour conséquence une réduction équivalente des taxes additionnelles. Or la contribution foncière figure actuellement au budget prussien pour 40 millions de marcs, la contribution sur les bâtimens pour 27 millions, la contribution des classes pour 41 millions, soit ensemble 108 millions à remplacer au moyen de recettes indirectes, à peu près le double du montant actuel de la contribution matriculaire. Pour assurer cette somme au royaume de Prusse, il faudrait créer dans tout l’Empire des recettes indirectes nouvelles pour 220 millions au moins, parce que le produit serait à répartir entre les différens états particuliers, en proportion de leur population respective. Comme les centièmes additionnels, prélevés sur les contributions foncières et sur celles des bâtimens, produisent par année 58 millions aux communes et 26 millions aux cercles dans les provinces de l’Est, sans dispenser les communes de prélever pour 139 millions d’autres impôts, l’abandon de la contribution sur les bâtimens et de la contribution foncière, montant ensemble à 67 millions, ne suffirait pas encore pour le dégievement des charges municipales. Aux dégrèvemens s’ajouteraient de nouvelles dépenses pour l’augmeritadon des traitemens promis aux fonctionnaires de l’Empire et pour l’augmentation de solde des officiers, peut-être aussi des subventions aux caisses d’assurance contre les accidens et aux caisses de retraite pour les ouvriers, subventions dont le Reichstag ne veut pas entendre parler, mais que le chancelier persiste à mettre en avant dans son programme de socialisme d’état. Le socialisme d’état, qui trouve encore peu d’écho dans le peuple et au parlement, est fort en vogue dans les sphères officielles.