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pense, de plus, que les fonctionnaires de l’état ne doivent pas acquitter une contribution sur un traitement provenant de l’état. Cela constitue une imposition irrationnelle qui m’a déjà choqué, autant que je m’en souviens, dès l’époque de son introduction. Je ne puisque l’identifier avec une taxe directe appliquée par l’état sur les coupons de ses propres créanciers. L’état doit au fonctionnaire un traitement, et il lui en retranche une partie, sous forme de contribution, pour le ministre des finances, procédé à mes yeux incorrect. »

Plus que tous les autres, les intérêts agricoles semblent appeler la sollicitude du chancelier allemand dans ses projets de réformes fiscales. A l’entendre parler de l’agriculture, celle-ci aurait à acquitter une contribution foncière de 5 à 10 pour 100 sur son revenu net : avec la contribution sur les bâtimens pour les constructions d’exploitation rurale, avec l’impôt sur le revenu, la charge serait triplée. « L’impôt prélevé par la contribution foncière, dit-il dans son discours du 2 mai 1879 pour la revision du tarif douanier, s’élève ainsi à 5 pour 100 du revenu sur un bien franc de dettes, à 10 pour 100 sur un bien hypothéqué à moitié de sa valeur. L’impôt sur les bâtimens équivaut à la moitié de l’impôt foncier, enlevant tout au moins de 2 à 5 pour 100 du produit de la culture en blé. L’impôt sur le revenu prend, lui, 5 pour 100 certainement. Cela fait bien une charge de 10 pour 100 au minimum sur le rendement net d’un domaine franc de dettes. Si le domaine supporte une dette équivalant à la moitié de sa valeur, la charge des contributions monte à 20 pour 100. L’origine de la plupart des dettes peut être reconnue. Si celles-ci ne résultent pas de partage de biens, chez les paysans ainsi que pour les biens nobles, elles proviennent des dévastations auxquelles le nord et particulièrement le nord-est de l’Allemagne a été exposé pendant les invasions des Français, au commencement du siècle, comme aussi du dénûment et de l’abandon dans lesquels sont tombés les propriétaires des districts orientaux, à l’époque des Ablösungs gesetze, ces lois raisonnables, mais bien dures, parce qu’elles ont enlevé aux terres les bras nécessaires, en un temps où les propriétaires privés de capitaux n’ont pu trouver de nouveaux bras. » Aucune occasion n’échappe au prince de Bismarck pour affirmer les avantages de sa politique nationale et unitaire. Après avoir mis au compte des invasions françaises, des événemens, l’origine de la dette agricole, il demande aux représentans de la nation d’améliorer enfin la situation des pauvres cultivateurs, qui ont dû s’imposer tant de sacrifices pour le salut commun. Car c’est dans l’intérêt de la consolidation de l’Allemagne, « dans l’intérêt de cette cause, que la propriété foncière si médiocre et si peu favorisée des provinces orientales a beaucoup souffert. J’abandonne aux statisticiens le soin d’évaluer combien font sur le boisseau de seigle ces 10 à 20