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buables inscrits sur les rôles, le nombre des poursuites est monté à 393,837 pour l’année 1876 : plus de poursuites que de cotes par conséquent, ce qui tient à ce que les poursuites sont faites pour les arrérages de chaque trimestre, et peuvent être répétées plusieurs fois contre le même individu dans le courant de la rnénio année. Sur ces 393,837 cas de poursuites figurent 25,280 exécutions avec saisies, 91.655 exécutions sans effet. Ainsi nous comptons à Berlin, pour 100 personnes soumises à l’impôt des classes, 101 poursuites dans la classe inférieure, 135 dans la seconde classe, 131 dans la troisième, 114 dans la quatrième, 64 encore dans la cinquième jusqu’à la douzième classe. Pour l’exercice 1881, toujours à Berlin, sur 1,048,203 cotes relatives aux impôts sur les bâtimens et sur les loyers, ajoutées aux cotes pour l’impôt sur le revenu et l’impôt des classes, au nombre de 1,468,856, le chancelier de l’Empire signala au Reichstag, dans la séance du 14 juin dernier, 647,981 avertissemens pour retard de paiement au percepteur, dont 308,814 seulement suivis d’effet, avec 244,968 poursuites sans fruit, et 85,302 touchant des personnes qui avaient quitté la ville, soit pour chercher en province une position meilleure, soit pour émigrer à l’étranger. Dans le courant de l’année dernière, pour 1881, les relevés officiels comptent 287,346 personnes qui ont émigré par les ports allemands, la plupart pour l’Amérique.

Naturellement ces innombrables exécutions, nécessitées pour la rentrée des arrérages sur l’impôt des classes, soulèvent des plaintes amères au sein des populations ouvrières. Ces plaintes ne sont pas restées sans écho auprès du prince de Bismarck. Le chancelier s’en sert au Reichstag pour gagner l’opinion à ses p’ojets de réforme. Il appelle l’impôt des classes une institution barbare, reste de la féodalité, un impôt de capitation dont les Turcs conservent seuls l’équivalent en Europe, et tout à fait indigne d’un peuple civilisé. Aussi cette contribution des classes devra disparaître, quand de nouveaux impôts directs plus faciles à percevoir donneront au trésor public une compensation suffisante. De même, l’impôt sur le revenu serait à réduire dans une certaine mesure pour les revenus qui ne dépassent pas 2,000 thalers ou 7,500 francs, quand ils ne proviennent pas de biens-fonds ou de valeurs transmissibles par héritage. « Quiconque, dit le prince de Bismarck, gairne un reveau comme artisan, comme négociant ou comme industriel par un travail quotidien, un revenu qui risque d’être diminué du jour au lendemain, qui ne peut être transmis à ses enfans, celui-là est injustement imposé, quand il doit payer autant que celui qui n’a qu’à prendre ses ciseaux pour détacher ses coupons d’intérêts, ou à écrire une quittance pour toucher ses droits de fermage. Ainsi, je suis d’avis que l’impôt doit être diminué pour les revenus non fondés et je