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mande plus de mal que de bien, c’est exagérer les choses, de même qu’on fait erreur en croyant l’Empire allemand ruiné par ses armemens. Sans les sacrifices de la Prusse pour ses amnemens nous n’aurions pas vu l’unité allemande réalisée, ni l’Empire atteindre sa puissance actuelle sous la monarchie des Hohenzollern ; ce qui ne signifie en aucune façon que l’humanité doive repousser le pieux désir de diminuer parmi tous les peuples les charges militaires.

Les intérêts du fonds des invalides servent à payer des pensions aux militaires blessés pendant la guerre et devenus incapables de se suffire. Doté primitivement d’une somme de 700 millions de francs, en vertu d’une loi du 23 mai 1873, ce fonds est converti en valeurs mobilières, gérées de façon à être amorties successivement, à mesure de l’extinction des pensions. Il s’élève encore à 643 millions et a produit pour le dernier exercice budgétaire 30 millions 1/2 d’intérêt, soit un revenu de 4.28 pour 100 en moyenne du capital placé. À la clôture du dernier exercice budgétaire, le fonds pour les forteresses, fixé primitivement à 260 millions, — non compris une autre somme de 40,250,950 marcs ou 50,31.3,687 francs mise à part pour le rétablissement des fortifications de l’Alsace-Lorraine, — s’élevait encore à 83 millions, produisant 3,187,663 marcs d’intérêts annuels. Le fonds réservé pour la construction d’un nouveau palais pour le Reichstag s’élevait à la même date à 37 millions de francs avec les intérêts accumulés depuis le partage des milliards. Cette construction, longtemps différée et remise, devra être commencée l’an prochain.

Un examen attentif et sérieux du budget de l’Empire allemand, suivi sans parti-pris, ne conduit pas à un jugement défavorable sur l’état des finances publiques en Allemagne. Recettes et dépenses se trouvent à peu près en équilibre, grâce à la combinaison des contributions matriculaires qui remédie aux déficits. Les emprunts contractés pour des travaux extraordinaires ne s’élèvent pas à plus de 655 millions de francs, avec une charge annuelle de 18 millions seulement pour le service des intérêts de la dette existante. Bien peu de chose, comparativement à la charge de 1,207,000,000, inscrite au budget de la France pour les intérêts et l’amortissement de la dette publique en une seule année. En 1881, les dettes de tous les états particuliers de l’Allemagne ne dépassaient pas ensemble 4,398,000,000 de marcs, dont 3,065,000,000 pour leurs chemins de fer. Prises ensemble, les dettes des états particuliers et celles de l’Empire portent à 4,922,000,000 de marcs, soit à 6,153,000,000 de francs, le total des dettes publiques de l’Allemagne, en regard d’une dette de 21,240,000,000 inscrite au débit de la France. Pouvoir contracter beaucoup de dettes implique un grand crédit. Ce crédit existe pour le gouvernement français à un plus haut degré que