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vertu de lois spéciales. Après le paiement de l’indemnité de guerre française, l’ancienne dette de la confédération de l’Allemagne du Nord a pu être remboursée jusqu’à concurrence d’un petit reliquat insignifiant de 24,000 marcs. Un décret impérial du 14 juin 1877 inaugura de nouveau l’ère des emprunts, qui se suivent maintenant d’année en année avec la ponctualité que donne la force de l’habitude. Voici le montant des emprunts successivement contractés par des émissions de rentes 4 pour 100 :

1877. . . . . . .      77.731.321 marcs
1878. . . . . . .      97.484.865
1879. . . . . . .      68.021.071
1880. . . . . . .      37.627.203
1881. . . . . . .      32.907.455

Le dernier rapport de la commission des dettes de l’Empire, déposé sur le bureau du Reichstag au mois de janvier 1882, rend compte de l’opération des émissions de rentes. Ces émissions, titres de 200, 500, 1,000, 2,000 et 5,000 marcs, avec coupons d’intérêts à échéance du 1er  avril et du 1er  octobre, s’effectuent d’après le mode établi par la loi du 19 juin 1868 pour les emprunts de l’ancienne confédération du Nord ; malgré la paix, l’opération ne s’est jamais faite au pair, et pour 290,436,126 marcs réalisés à la date du 31 octobre dernier, il a fallu émettre des titres remboursables pour 298,951,500 marcs, soit à 2.85 pour 100 au-dessous du pair. Sur le total des emprunts effectués à la clôture de l’année budgétaire, échue le 31 mars 1881, il y a 43,338,388 marcs attribués aux constructions de l’administration des postes et télégraphes ; 26,149,515 marcs à l’extension du réseau des chemins de fer stratégiques en Alsace-Lorraine ; 50,000,000 marcs à la réforme monétaire pour l’introduction de l’étalon d’or unique ; 8,436,880 marcs à l’acquisition de l’imprimerie impériale et d’autres immeubles à Berlin ; 102,594,478 marcs aux constructions navales ; 46,345,489 marcs à l’administration militaire. Dans les emprunts, comme au budget ordinaire, la grosse part, la part du lion, va à l’armée et aux armemens, qu’il s’agisse de construire des casernes et des établissemens d’instruction, du renouvellement du matériel ou de l’équipement, ou bien de l’augmentation des navires de guerre. Fort maltraitée par les Danois lors de l’occupation du Sleswig, la marine allemande se trouve aujourd’hui sur un pied respectable et son pavillon se montre dans toutes les mers du monde, en attendant l’acquisition de colonies que l’Allemagne recherche un peu tard. Quiconque visite les ports militaires de Kiel et de Wilhelmshafen, situés, celui-ci dans la mer du Nord, celui-là dans la Baltique, conviendra des précautions prises pour une défense efficace des côtes, quoique la cata-