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d’une population de 44,958,205 habitans, d’après le recensement du 1er décembre 1881. En France, la population s’élève à 37,119,720 habitans ; le nombre de soldats de l’armée active est de 498,497 hommes ; le montant du budget militaire de 570,280,085 francs, soit 1,140 fr. de dépenses en moyenne par homme inscrit, et 15 francs de contribution par tête d’habitant. Avant la constitution de l’Empire, le budget militaire de l’Allemagne ne dépassait pas 190,252,719 marcs pour l’exercice de 1868, soit l’équivalent d’une contribution de 7 francs par tête d’habitant, en sorte que l’augmentation se monte à 43 pour 100 de ce chef, dans l’espace de quinze années. Sur un budget total de 607 millions de marcs pour l’exercice annuel courant, les dépenses pour l’armée et la marine absorbent 411 millions, soit plus des deux tiers, voire même 86 pour 100 du revenu total, si l’on compte que le crédit de 30 millions, inscrit au fonds des invalides, représente le montant des pensions militaires, ainsi qu’une somme de 18 millions sur le crédit porté comme fonds général des pensions. Avec autant de raison pourrait-on encore assimiler à des charges militaires les subventions ou les dépenses pour construction de chemins de fer, consacrées à des lignes exclusivement stratégiques, puis les intérêts de la dette de l’Empire, contractée en majeure partie pour les besoins de l’armée et de la marine.

Alimenté en partie par des impôts ou des recettes à lui propres, en partie par les contributions matriculaires versées par les états particuliers sur le produit de leurs recettes à eux, le budget de l’Empire allemand a l’avantage de se trouver toujours en équilibre, par la raison que les contributions matriculaires, réparties par le chancelier entre les états particuliers, servent justement à compenser le déficit annuel entre les dépenses et les recettes. La constitution autorise pourtant le recours à l’emprunt, pour les dépenses extraordinaires dans l’intérêt de la défense du territoire, des chemins de fer et des télégraphes. L’évaluation des recettes pour chaque exercice se fait d’après le rendement moyen effectué sur les différens articles pour les trois années précédentes. C’est le mode suivi en Prusse et en Alsace-Lorraine. S’il y a des plus-values, les excédens se reportent au compte de l’exercice budgétaire suivant. On n’admet pas facilement des dépenses supérieures aux crédits votés, et les budgets rectificatifs sont beaucoup plus sobres en Allemagne qu’en France. Pour embrasser d’un seul coup d’œil l’état des dépenses et des recettes propres à l’Empire, nous résumons dans le tableau que voici, par ordre des services, le projet de budget présenté au Reichstag pour l’exercice courant du 1er avril 1882 au 31 mars 1883 :