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des ressources nécessaires pour l’entretien de cette force. Avant tout, il fallait écarter l’ingérence de l’Autriche dans les affaires propres de l’Allemagne, qui ne devait pas compter dans les rangs de son armée des soldats croates, italiens, tchèques, slovaques ou magyares, bien que la Prusse ne renonçât pas à ses régimens polonais. L’exposé des principes pour servir de base à une nouvelle législation fédérale, envoyé le 10 juin 1866 aux agens prussiens auprès des gouvernemens de la confédération, s’exprime nettement sur l’exclusion de l’Autriche de la nouvelle Union. Pour la forme et jusqu’à nouvel ordre, une exclusion semblable fut dénoncée à la Hollande pour le Limbourg ; des traités particuliers devaient à l’avenir fixer les relations de l’Allemagne avec la Hollande et l’Autriche. Les gouvernemens de la confédération étaient invités à se prononcer au sujet de leur adhésion à la constitution d’une nouvelle Union allemande sur la base des propositions prussiennes, dans le cas où l’ancienne organisation viendrait à se décomposer devant l’éventualité d’une guerre imminente. Afin de rallier la Bavière à ses combinaisons, M. de Bismarck lui promit le commandement des forces militaires de l’Allemagne du Sud, comme plus tard on sut faire miroiter aux yeux du roi Louis la couronne impériale, en provoquant les espérances qui l’ont amené à prendre l’initiative de la proclamation de Versailles pour élever Guillaume de Hohenzollern à la dignité d’empereur allemand. Forte de ses succès, triomphante de l’impuissance, de la division et de la lenteur inséparables de l’organisation de la ci-devant confédération germanique, la Prusse réalisa avec éclat, en moins de cinq années, l’idée de l’unité nationale par la restauration de l’empire d’Allemagne, accomplie à son profit avec exclusion de la maison d’Autriche. L’acte constitutionnel de 1867, adopté par les états de la confédération du Nord, ne forme qu’une mesure de transition entre les propositions prussiennes de la diète de Francfort, en date du 9 juin 1866, et la constitution de l’Empire définitivement mise en vigueur depuis le 1er  janvier 1871, avec l’assentiment des représentans du peuple allemand. Avec un gouvernement unitaire, une législation et un budget communs, une même représentation dans les relations extérieures, une armée et une marine nationales, la constitution de l’Empire, en conférant la dignité et la puissance impériales au roi de Prusse, consacre l’entière subordination de tous les états particuliers de l’Allemagne à la monarchie prussienne, sans possibilité de s’y soustraire. Plus d’indépendance pour ces états, pas même une autorité réelle, car la loi d’Empire prime leur législation propre, suivant l’enseignement des maîtres du droit public. À peine les représentans élus de la nation peuvent-ils disputer au gouvernement impérial les impôts nouveaux, demandés par le chancelier en sas des ressources garanties par la