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les bénéfices qu’elle s’était préparés par le mouvement de reprise effectué du 1er au 15 août. Cette spéculation, avons-nous dit, est très solide et n’opère qu’avec prudence, sachant résister aux emportemens et compter avec le temps. Elle a maintenu nos fonds publics aux cours conquis si rapidement après la dernière liquidation, et dans le même temps elle a fait progresser les valeurs égyptiennes. Les événemens lui sont venus en aide, et bien qu’à plusieurs reprises des nouvelles assez fâcheuses du dehors aient circulé, elle n’a pas été ébranlée dans sa confiance dans le succès final. Il convient de constater, en revanche, que le public en général a eu peu de part à cette bonne tenue du marché, car les transactions ont été très restreintes, et l’activité des opérations au comptant s’est même ralentie. Le 5 pour 100 a gagné 40 centimes à 115.80 ; le cours de 116 n’a pu être atteint ; les deux 3 pour 100 se retrouvent à peu près aux cours du 16 courant.

L’Italien a monté de près d’une unité. Toutes les fois que de meilleures dispositions semblent près de prévaloir sur les deux marchés de Londres et de Paris, la hausse de l’Italien est annoncée à son de trompe. Finalement ce fonds d’état, qui a pour lui la situation financière et contre lui les aspirations politiques du pays dont il représente la dette, suit avec la plus remarquable docilité les vicissitudes du marché des fonds français ; il monte ou baisse avec notre 5 pour 100.

L’obligation unifiée n’a pas gagné moins de 30 francs depuis la dernière liquidation. Cette hausse répond aux espérances qu’a fait naître, au point de vue d’une solution prochaine, la dextérité avec laquelle le commandant en chef du corps expéditionnaire anglais s’est emparé du canal de Suez. La spéculation ne songe même pas aux difficultés que peut rencontrer, après la défaite d’Arabi, la réorganisation des finances égyptiennes. Cette réorganisation sera une affaire de temps : il se peut qu’un ou plusieurs coupons restent impayés ; mais les acheteurs ne mettent pas en doute que le paiement régulier des intérêts de la dette ne constitue finalement un des résultats les plus appréciables de l’établissement du protectorat anglais.

Le Turc a gagné 25 centimes et la Banque ottomane 5 francs. On comprend que le paiement annoncé pour le 13 septembre d’un coupon turc ne produise pas beaucoup de hausse ; il s’agit en effet de 33 centimes par titre de 5 francs de rente, et d’un dividende correspondant pour toutes les autres catégories de la dette turque. Le paiement de ces 33 centimes va entraîner le détachement de tous les coupons restés impayés depuis 1875 ; la somme est des plus modestes, mais c’est la première fois que des Européens vont toucher de l’argent vraiment turc, car les coupons jadis n’étaient payés que sur le montant des emprunts.

Les fonds autrichiens et hongrois ne font plus parler d’eux, bien