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grand nombre de chevaux, nourrissaient, l’un, l’équivalent de 52 têtes de gros bétail, l’autre, l’équivalent de â6, les arrondissemens où les exploitations sont le plus grandes, ceux de Dunkerque et d’Avesnes, ne contenaient, le premier, que l’équivalent de 44 bêtes bovines, l’autre que celui de 40. Nous disons l’équivalent : on sait, en effet, que l’usage est de compter 10 moutons comme l’équivalent d’une tête de gros bétail. On comprend donc les moutons dans ces calculs ; mais, dans la réalité, il faut avouer que l’expérience, très favorable à la petite propriété, notamment pour la race bovine, a constaté son infériorité pour les moutons, relativement à la grande. C’est l’espèce ovine que l’on voit décroître, en effet, avec les progrès de la petite propriété, ce qui n’empêche pas qu’elle n’ait aussi beaucoup augmenté relativement au passé. En fin de compte, M. Cordier donnait l’avantage pour la puissance productive à la moyenne culture et n’hésitait pas à regarder les fermes de la Flandre de 20 à 30 hectares comme celles qui produisaient le plus.

Le but de ces études étant bien moins la statistique agricole que l’état des populations, je n’ai pas à pousser plus loin ces calculs techniques sur le rendement de ces dimensions de la propriété en Picardie, en Artois et en Flandre, d’ailleurs trop sujets, encore une fois, à être modifiés par des circonstances de plus d’une sorte, étrangères à l’étendue des domaines. Nous n’établirons pas de comparaisons entre les avantages des différentes étendues de propriété et de culture. Rien là n’est absolu. On sait combien, en une foule de cas, l’économie de la main-d’œuvre et l’énergie du travail compensent pour la petite propriété les avantages qui résultent pour la grande de l’économie des frais généraux et de l’application d’un capital plus considérable. L’état de la propriété dans les mêmes provinces paraît assez bien résoudre, au moins d’une manière générale, ces questions de dimensions, qui ne se résolvent pas plus au hasard que par des considérations théoriques. La division des terres se règle suivant les besoins de la population et l’état des capitaux. Dès que le mouvement de libre circulation de la propriété est maintenu, rien ne prévaut contre cette loi. L’intérêt individuel partage, divise, subdivise, recompose le domaine territorial en se guidant sur ses convenances et sur les nécessités des cultures. C’est une règle que d’autres circonstances peuvent modifier, altérer sur quelques points, mais qui agit en général d’une façon assez sûre et qui suffit à maintenir une sorte d’équilibre. Quant à vouloir qu’il ne soit pas rompu dans une mesure notable du côté où une société penche, c’est-à-dire chez nous, du côté de la division, ce n’est guère possible. Ce qui est à désirer, et ce que nous montrent nos provinces du Nord et du Nord-Ouest, c’est que chaque catégorie de propriétaires