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de Dunkerque la dénomination varier selon les régions. Tandis que la grande propriété y est ordinairement désignée par 50 hectares, la moyenne par 13 au maximum ; dans le pays des Wattringues le minimum de la grande sera fixé à 70 hectares. Elle commence pour Hazebrouck à 40 hectares, pour Avesnes à 50 et la moyenne y va de 20 à 50, de sorte qu’on est réputé peut propriétaire avec ce qui constitue un grand propriétaire aux environs de Lille ! Dans le territoire de Cambrai, on ne compte que 45 grandes propriétés, parce qu’elles sont censées ne commencer qu’à 100 hectares ; on en compte 500 moyennes qui commencent à 40 ; au-dessous de ce dernier chiffre se placent 4,560 petits domaines qui forment le reste du contingent territorial. Enfin, si l’on établit le même calcul pour Valenciennes, on trouve que la petite propriété y atteint jusqu’à 25 hectares ; la grande commence à 100 ; et on en rencontre un nombre respectable qui atteignent jusqu’à 200 ou 300, ce maximum le plus habituel de la grande propriété française.

Une étude plus prolongée montrerait que les trois dimensions de la propriété se maintiennent à peu près partout, quoique inégalement. La petite propriété est en forte majorité dans la Somme, et en minorité dans le Pas-de-Calais, où la grande exploitation comprend environ 20 pour 100 des terres, la moyenne 50, et la petite 30. Dans les parties qui forment l’ancien Artois on trouve 30 pour la petite propriété, 20 pour la grande, 50 pour la moyenne. Pour le Nord, la petite propriété domine, on l’a vu, sans laisser une place assez importante aux domaines plus étendus.

La puissance relative du rendement de ces domaines par hectare se complique le plus souvent de trop d’élémens étrangers pour pouvoir être établie avec rigueur, quoiqu’on l’ait essayé plus d’une fois. On n’en est plus à regarder la question de l’étendue comme décisive, et il n’est pas un agronome qui ne fasse passer d’abord les considérations du capital et du débouché, ces deux instrumens du progrès agricole. Ce n’est pas que l’étendue soit pourtant indifférente, elle est tantôt plus, tantôt moins favorable, selon les cultures et tout un ensemble de circonstances locales qu’il n’est pas permis de négliger. Pour la Flandre, un ingénieur agronome, M. Cordier, dans une monographie publiée en 1823, établissait la supériorité du rendement pour les petites fermes. En outre, ce qui était alors le point vif de la question entre les partisans de la grande propriété et ceux de la petite, M. Cordier démontrait que la petite culture flamande produisait plus de bétail. À une vingtaine d’années de là, M. Hippolyte Passy, dans un livre sur les Systèmes de culture, confirmait le même résultat, qui conservait sa valeur quant aux proportions gardées. Tandis que les arrondissemens de Lille et de Hazebrouck, outre un plus