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observation. Nous sommes loin de contester l’opportunité et les mérites de l’enseignement primaire de l’agriculture, qu’on inaugure aujourd’hui, mais nous croyons que l’enseignement horticole offre plus de chances de succès. L’école en a les élémens plus à sa portée, il est moins compliqué, et d’ailleurs plus. Naturellement favori se par un goût inné chez les enfans. L’enseignement horticole confine au reste par bien des côtés à l’agriculture. Il est loin de tenir la place que nous voudrions et qui est à désirer. Enseignement approprié à l’instruction primaire s’il en fut, il a pour théâtre le jardin de l’école, ce jardin que nous voudrions voir partout et qui manque dans quantité d’endroits où il serait si facile de l’avoir. C’est là vraiment que l’enfant trouve la matière d’un travail agréable, salutaire à l’âme comme au corps. On parle beaucoup de « leçons de choses ; » qu’on en cite de meilleures que celles-là et qui éveillent davantage l’esprit d’observation ! Au sortir de l’école, l’enseignement de l’agriculture, organisé à divers degrés par la loi nouvelle, s’offrira à l’adulte sous plus d’une forme. Il est évident que les ouvriers ruraux, qui composent la majorité des enfans de l’école primaire, ont peu de chose à en tirer, tandis que le jardinage leur profitera presque toujours directement. Les notions agricoles plus avancées devront d’ailleurs, selon nous, pénétrer même dans la petite culture. La science tient une place remarquable dans ces cultures industrielles du Nord. On n’imagine pas à quel degré de perfectionnement, par exemple, celle de la betterave est poussée en vue de la fabrication du sucre ; les méthodes d’élevage et d’engraissement du bétail veulent être aussi propagées même chez les petits cultivateurs. Tout cela est à créer. On dit que l’exemple leur sert beaucoup. Soit : mais l’instruction, présentée méthodiquement, n’en a pas moins, dans les conditions actuelles, à jouer son rôle avec plus de régularité et d’efficacité. L’instruction agricole directe existe à peine. A défaut d’elle, ce qu’il faut louer, c’est l’action utile exercée par les sociétés d’agriculture. Elles existant en très grand nombre dans ces départemens ; elles n’y ont pas seulement une importance pour la science théorique, elles instituent des concours, distribuent des primes et des médailles, elles encouragent par des récompenses l’enseignement agricole dans les établissemens scolaires. A quels progrès ne se sont-elles pas associées ? A Lille, à Douai, à Arras, à Boulogne, à Saint-Omer, à Amiens et dans les autres centres où elles existent avec un développement exceptionnel en France, on les a vues provoquer d’utiles enquêtes, ici sur l’étendue des portions de territoire soumises au drainage, ailleurs sur telle expérience à propos d’une espèce de plante ou de bétail. Elles contribuent, avec un petit nombre de recueils et de journaux spéciaux, à entretenir le mouvement des idées agricoles dans le pays. Placées au