les principautés et les parlemens. C’est une si douce chose que la fortune !
- : Elle a cela de beau qu’elle est la liberté,
- : Et que seule elle met à l’air la volonté.
Pour arriver à ses fins, M. de Bismarck est prêt à conclure tous les marchés. Les partisans du libre-échange n’avaient rien à lui proposer, il a lié partie avec les protectionnistes. Mais le bénéfice des droits protecteurs ne lui suffit pas, il voudrait rétablir à son profit plus d’un monopole supprimé et peut-être en ajouter d’autres de sa façon. Il aime aujourd’hui tout ce qui déplaît à M. Delbrück, son ancien conseiller, tout ce qui plaît à M. de Varnbüler, son aigre ennemi d’autrefois.
M. de Bismarck a toujours rêvé d’avoir à ses ordres une majorité compacte, docile, bien disciplinée, se laissant mener à la baguette, prête à le suivre dans toutes ses évolutions. S’il a souvent répété qu’il avait peu de goût pour les gouvernemens de partis, il en a beaucoup pour les partis de gouvernement, qui obéissent à leur consigne sans demander d’explications. Mais pour maîtriser une chambre, pour pouvoir compter sur sa fidélité, il faut avoir un programme bien défini et de la suite dans les idées. M. de Bismarck a eu tous les programmes et toutes les idées. A la constance, à la netteté dans les desseins, il faut joindre aussi l’esprit de conciliation qui est propre à grouper les intérêts. M. de Bismarck n’a jamais été qu’un homme de combat, dominé par son humeur, s’attaquant tour à tour à tout le monde, prodiguant les avanies à ses amis de la veille. Lorsqu’il daigne raisonner avec eux, il les écrase de sa superbe ou leur parle de ses nerfs qui le tourmentent, et il leur donne à comprendre qu’il leur fait une grâce en essayant de les convaincre quand il ne tiendrait qu’à lui de les étrangler.
Il se vantait dans son dernier discours que, depuis 1871, il s’était appliqué sans relâche à déjouer tous les projets de coalition contre l’Allemagne. Qui pourrait lui en vouloir de veiller à la sûreté de son pays, ou plutôt de travailler à consolider sa grandeur ? Divide ut imperes. Tous les politiques réalistes qu’on voit dans l’histoire ont pratiqué cette maxime. Quand on recourait à leurs bons offices d’arbitres ou de juges de paix, ils savaient, tout en sauvant les apparences, aigrir la querelle qu’ils se chargeaient de concilier. Ces industrieux horticulteurs, qui ne sont pas des rosiéristes, s’adonnent tout particulièrement à la culture des plantes et des questions vénéneuses ; ils ne leur marchandent ni les soins ni l’engrais. Quoique M. de Bismarck se soucie fort peu de Mahomet, quoiqu’il juge que les affaires d’Orient